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systemique
4 avril 2006

Il n'y a pas de présent

Sa Sainteté

le Dalaï-Lama


« Le Bouddhisme considère que le but de notre vie est le bonheur »


© Sa Sainteté le Dalaï-Lama, Tenzin Gyatso, est né le 6 juillet 1935 dans une famille de paysans pauvres de la province d’Amdo au nord-est du Tibet. De ses quinze frères et soeurs seuls six ont sur­vécu. A l’âge de deux ans, il fut recon­nu comme le quatorzième de la lignée des Dalaï-Lamas, le précédent étant mort en 1933. Le titre de Dalaï-Lama signifie « océan de sagesse », et ceux qui le portent sont considérés comme des manifestations du Bodhisattva de la Compassion, Avalokitesvara (Tchènrézi en tibétain).

Pouvez-vous nous définir ce qu’est le Bouddhisme ?

Je vais essayer de cerner les points fondamentaux et essentiels du boudd­hisme.

Il y a deux catégories de religions : le premier groupe que j’appelle habi­tuellement religions théistes comprend le christianisme, le judaïsme, l’islam ainsi que certaines formes d’hindouis­me ancien. Ce groupe affirme l’exis­tence de Dieu comme croyance fonda­mentale.

Et le second ?

Le second, que j’appelle non-théiste, comme la religion jaïn, une partie de la philosophie samkhya (un aspect ancien très sophistiqué de l’hindouisme) et le bouddhisme. Ici, il n’y a ni Dieu, ni créateur, ni tout puissant : en fin de compte on est soi-même un créateur. L’un d’eux, prin­cipalement le bouddhisme, n’accepte pas la théorie d’une âme permanente. C’est la distinction entre bouddhisme et non-bouddhisme. La théorie de base du bouddhisme ne croit pas à une âme ou à un soi permanent.

Vous parlez de théorie de base : il y a des variantes ?

Tout le monde sait que, selon la motivation, le bouddhisme se subdi­vise généralement en deux groupes : le Hinayana et le Mahayana.


La première motivation est principale­ment concernée par notre propre libé­ration. Ainsi, par les pratiques de la conduite morale, de la concentration en un point et de la sagesse nous obtenons la libération (Skt. Moksha).L’autre motivation consiste à ne pas penser qu’à nous-mêmes mais à nous préoccuper de tous les êtres. Par la pratique des six ou des dix perfec­tions (Skt. Paramita) fondée sur les trois entraînements suprêmes, elle permet de parvenir à la bouddhéité : c’est la voie du bodhisattva (Skt. Bodhisattvayana). Du point de vue des principes philosophiques, il y a quatre différentes écoles de pensée : Vaibhasika, Sautantrika, Cittamatra et Madhyamika. En ce qui concerne le comportement, l’essence de toute la tradition bouddhique est la non-violence.

Pourquoi la non-violence est-elle importante ?

La raison philosophique est basée sur le concept de la loi de l’interdépen­dance, les choses existent en corrélation. Par exemple, notre survie, notre propre bonheur, dépendent de nombreux fac­teurs. De la même façon, la douleur et la tragédie dépendent de nombreux fac­teurs. Ainsi toutes les choses sont liées. A cause de cette nature interdépendante et afin d’obtenir notre propre bonheur, nous devons être attentifs aux causes immédiates. Tout comme nous sommes concernés par l’expérience des consé­quences de nos actes, nous devons être attentifs aux causes immédiates comme aux causes à long terme ou éloignées. Nous voyons donc à quel point la non-violence devient très importante. Le con­tenu essentiel du bouddhisme peut être résumé en deux points : du point de vue de la conduite, c’est la non-violence et du point de vue de la philosophie, c’est la vue de l’interdépendance. Ici la non-violence a deux niveaux : si nous pouvons aider d’autres êtres, faisons-le,


En ce qui concerne le comportement, l’essence de toute la tradition bouddhique est la non-violence


Bouddha Sakyamuni

Peu connue, l’existence du Bouddha, qui vécut du milieu du VIe siècle à environ 470 avant J.-C., en Inde du Nord, est restée entourée de légendes. Communément appelé Sakyamuni (« le Sage du clan des Sakya »), il était né dans la petite tribu des Sakya et appartenait à la lignée des Gautama. Selon la tradition, il naît dans une famille noble de la principauté de Kapilavastu, sur les confins indo-népalais. Le nouveau-né fut déposé sur un lotus par une divinité. Sa mère, la reine Maya, qui mourut sept jours après la naissance de son fils, l’aurait conçu par son flanc droit après avoir rêvé qu’un éléphant blanc à six défenses lui perçait le sein. Goûtant aux plaisirs terrestres et au luxe raffiné, le jeune prince reçut de son père, une éducation guerrière. Il se maria à seize ans et engendra un fils. À trente ans, il partit pour vivre sept années dans l’errance et l’ascèse, abandonnant sa famille.


Les cahiers de la bio-énergie - 7

servons les autres ; si nous ne le pouvons pas, au moins ne leur faisons pas de mal. Ce sont les deux niveaux de la non-vio­lence ou de l’ahimsa.

Quelle est la signification de l’in­terdépendance ?

La philosophie de l’interdépendance peut avoir diverses interprétations selon les différents systèmes. Dans l’un d’eux, la signification de l’interdépendance cor­respond au fait que tous les phénomènes conditionnés surgissent en dépendance de causes et de conditions. Ce qui implique qu’il n’y a pas de créateur, les choses dépendent simplement de leurs propres causes qui elles-mêmes dépen­dent de leurs propres causes : il n’y a pas de commencement. Dû aux causes et conditions, tout change constamment. De nouvelles circonstances produisent des faits nouveaux qui agiront à leur tour comme cause et produiront quelque chose de différent, de nouveau. Tel est le processus de la production en dépendan­ce (Skt. Pratityasamoutpada). Ce con­cept de l’interdépendance est accepté par toutes les différentes écoles bouddhistes.

N’y a-t-il pas cependant des diffé­rences de sens selon les écoles ?

Lorsque nous arrivons à la théorie de l’interdépendance exposée par la philo­sophie Madhyamika, nous touchons alors un niveau supérieur dans lequel la signi­fication d’interdépendance ou de corré­lation est expliquée par le fait que toute chose dépend de ses parties. Par exem­ple, s’il s’agit d’un objet physique, il peut se diviser en différentes parties, c’est-à-dire en plusieurs directions. S’il s’agit d’un phénomène sans forme comme la conscience, « avoir différentes parties » peut être compris en termes de différents moments de continuité. De la même façon, des choses sans forme comme l’espace peuvent être expliquées par la nature de l’origine interdé­pendante : nous pouvons dire que l’espace est constitué de parties puisqu’il est possible de penser à un espace parti­culier en se référant à certains objets et à certaines direc­tions. Ainsi nous pouvons comprendre clairement que l’origine interdépendante est expliquée non seulement en termes de dépendance de causes et de conditions mais aussi en termes de dépendance de parties et de directions. Même des phénomènes non physiques, tel que l’espace, peuvent également être expliqués comme ayant la nature de l’origine interdépendante.

En terme d’interdépendance on parle aussi « d’apparition de chose par la désignation ou l’imputation ». Vous pouvez nous expliquer cela ?

Lorsque, par exemple, nous analy­sons ce qu’est une fleur et que nous approfondissons en examinant ses parti­cules, son niveau subatomique, nous ne pouvons pas alors trouver la fleur en tant que telle. Des investigations plus pous­sées sur les plus petites particules nous permettent de comprendre ceci : lorsque nous apposons une étiquette, donnons un nom ou désignons quelque chose, cette désignation est donnée à l’assemblage de certaines substances ou particules et c’est quand cet assemblage devient une entité fonctionnelle que nous le désignons par un certain nom.

Pouvez-vous nous donner un exemple ?

Par exemple si nous nous deman­dons « qui suis-je ? », nous ne pouvons trouver un « je » séparé de notre corps, de notre cerveau, de notre expérience. Si nous approfondissons nos recherches concernant notre nature ultime, nous ne trouvons pas d’identité indépendante, ultime. Sans faire une telle analyse, nous apposons conventionnellement une éti­quette ou un nom à la combinaison du corps et de l’esprit. Nous disons : « ceci est un être humain » et nous appelons cette chair tibétaine d’Amdo et cet esprit : « Dalaï-Lama, Tenzin Gyatso », n’est-ce-pas ? Nous voyons ensuite qu’en ana­lysant, si nous voulons vraiment trouver le Dalaï-Lama, savoir où est ce Tibétain, nous n’y arrivons pas.

De la même manière nous parlons toujours de « passé », de « présent » et de « futur ». D’une certaine façon, le passé n’est qu’un souvenir, le futur n’est que notre pensée, qu’un projet, qu’une idée. Le présent est quelque chose de réel. S’il y a réellement un présent, si nous pensons à l’éon actuel, au siècle dans lequel nous sommes, à l’année, puis au mois, au jour, à l’heure, à la minute, à la seconde puis à une partie de cette seconde… alors… il n’y a pas de présent. Le passé est passé. Après ce moment vient le futur. Il n’y a pas de présent, n’est-ce pas ? Le temps passe sans s’arrêter, il ne fait que passer. C’est pourquoi il n’y a pas de présent.


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