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systemique

16 septembre 2013

Hypnose

Je viens d être certifié comme hypnothérapeute. Reçois sur rv.

 

je.tu.nous.ch@gmail.com

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3 octobre 2011

autopoièse

Sites de recherche et réflexion systémique à consulter régulièrement :
IS3G

L’Institut Systémique 3ième Génération s’est donné pour tâche de former les thérapeutes du 21ième siècle, capables d’aborder les changements radicaux d’ores et déjà visibles dans les fonctionnements familiaux, institutionnels et individuels, liés à la mutation sociétale en cours. L’IS3G offre une formation longue à qui souhaite acquérir une formation complète de thérapeute systémicien. Il est basé à Strasbourg, mais intervient dans toutes les villes rassemblant un groupe de postulants de dix personnes au moins.
les journées d'étude et les formations, sur : www.frieh-bungert.fr

MCX-APC

Le réseau « Intelligence de la Complexité » est soutenu et organisé par deux associations-sœurs : l’Association Européenne pour la Modélisation de la Complexité (MCX) et l’Association pour la Pensée Complexe (APC), toutes deux présidées par deux complices de toujours : le Pr. Jean-Louis LE MOIGNE pour la première et le Pr. Edgar MORIN pour la seconde, deux références mondialement incontestées dans les registres de la pensée complexe.
Le site web MCX est une véritable mine d’or en matière de références bibliographiques. En outre, MCX-APC organise chaque année un Grand Débat réunissant les chercheurs les plus innovants en la matière : vous disposez dans ce site d’un échantillon vidéo de ces Grands Débats (MCX GRAND DEBAT 2006).

IDRES

L’IDRES, créé et animé par Jacques BEAUJEAN, est un site dédié aux praticiens de la systémique, thérapeutes, mais aussi tous les travailleurs sociaux concernés par cette approche. Sa particularité et son extrême richesse tient à ce qu’il offre une énorme quantité d’articles in extenso et qu’il est un site wiki totalement interactif. A visiter régulièrement, donc. L’IDRES, basée à Liège (Belgique), est aussi un institut de formation à l’adresse de qui souhaite acquérir une formation complète de thérapeute systémicien.

SICS

La Société Internationale des Conseillers de Synthèse, crée et animée par Armand BRAUN, offre un site de prospective et de réflexion économico-sociétale de grande valeur. Le site SICS dispose d’une riche bibliothèque, à consulter régulièrement.

 

Projet d'établissement 2002 du CNRS français :

"S'attacher à la complexité (…) c'est reconnaître que la modélisation se construit comme un point de vue pris sur le réel, à partir duquel un travail de mise en ordre, partiel et Ccntinuellement remaniable, peut être mis en œuvre"

 

25 septembre 2011

bonne lecture

La solitude est toujours accompagnée de folie. 
Marguerite Duras (Écrire, p.44, Folio no 2754)

12 août 2010

voilà mes archives systemiques

Bienvenue

14 janvier 2008

les deux sytemiques

LES B.A. BA DE LA SYSTEMIQUE...

Jean-Yves HANANY

Educateur en AEMO.

DESU Thérapie Familiale et Pratiques Systémiques de l’Université Paris 8 en 2003

B.A. BA :  PREMIERE ET SECONDE CYBERNIQUE

Dans le cadre du DESU de Pratiques Systémiques et Thérapies Familiales, j’ai présenté un mémoire ayant comme thème, « Le commentaire de fin de séance ». J’ai situé ma réflexion dans une perspective historique des thérapies familiales systémiques, avec comme points de repère, les cybernétiques de premier et second ordre ; le but était de mettre en évidence, pour chacune d’elles, trois des éléments constitutifs d’une conception et d’une pratique :

1- Quelle vision le thérapeute a t-il de la famille ? 2- Quelles sont les fonctions et positions du thérapeute ? 3- Quels sont les fondements de la relation thérapeutique ?

Ce sont ces aspects que je souhaiterais partager ici.

LA CYBERNETIQUE DE PREMIER ORDRE : QUEL CADRE CONCEPTUEL ?

Les travaux du biologiste Ludwig Von BERTALANFFY sur la description des lois cybernétiques des systèmes ouverts à l’équilibre ont constitué une des sources d’inspiration les plus fécondes des premiers thérapeutes familiaux systémiciens, en particulier ceux de l’Ecole de Palo Alto. Ils entreprirent de vérifier ces lois tirées du domaine biologique et physico-chimique puis de les appliquer au domaine de la psychologie familiale. Les travaux de l’anthropologue BATESON, autre source féconde d’inspiration, leur permirent de réaliser des ancrages aux travaux de. BERTALANFFY. Quels sont les apports de la première cybernétique à la thérapie familiale systémique, du point de vue :
- de la famille
- de la fonction et de la position du thérapeute
- des fondements de la relation thérapeutique.

Quelle vision de la famille ?

La famille est appréhendée, sur le modèle physico-chimique comme un système ouvert à l’état d’équilibre régi par des lois organisant son fonctionnement interne ; celui-ci pouvait parfois présenter des problèmes, des dysfonctionnements manifestés par le comportement symptomatique d’un de ses membres. Ces symptômes sont repérés sur les modes de la persistance et analysés comme ayant une fonction de maintien en l’état d’une situation par l’utilisation d’une solution n’entraînant pas de changements, ces derniers étant vécus par la famille comme dangereux pour son équilibre.

Quelles sont les fonctions et positions du thérapeute par rapport à la famille ?

C’est un expert qui va poser des questions, recueillir des informations lui permettant de localiser le problème, et de le corriger. Cette fonction nécessitera du thérapeute qu’il se positionne en tant qu’observateur extérieur au système ; c’est donc par cette mise à distance qu’il parvient à une position de neutralité lui permettant de repérer les dysfonctionnements, et d’agir sur eux.

" Le thérapeute ... cherche ce qui ne va pas dans la famille pour comprendre la raison des échecs et montre ce qu’il faut faire pour que tout aille mieux... " (G.AUSLOOS)

" Il intervient ... tel un mécanicien... pour réparer les pannes afin que le système poursuive sa course... " (ALBERNHE)

Quels fondements à la relation thérapeutique ?

Le thérapeute est donc un expert qui intervient sur un système, " une boîte noire " énigmatique composée d’entrées et de sorties nécessitant des interventions correctrices que lui seul connaît et dont il décide en fonction de l’évaluation des rétroactions de la famille qu’il aura repérées. La solution est donc extérieure au système familial, et elle est portée par le thérapeute qui en est le " diagnostiqueur " et le prescripteur. Il se porte garant du traitement, mais renvoie l’entière responsabilité de l’échec thérapeutique à la famille qui aurait manifesté alors une résistance rendant inopérante l’intervention thérapeutique. La relation est hiérarchisée de manière verticale, afin de rester maître de l’introduction des " inputs ", et de l’évaluation des " outputs ". Commentant la cybernétique de 1er ordre, GOOLISHIAN évoquait une ingénierie fondée davantage sur le contrôle.

Progressivement, ce cadre, bien qu’ayant été extrêmement fécond, montrera ses limites.

Des chercheurs, dans des disciplines différentes, comme PRIGOGINE en physique et en chimie, MATURANA et VARELA en biologie, VON FOESTER en cybernétique, permirent aux thérapeutes systémiciens d’envisager la famille et leur relation réciproque sous un angle nouveau.

Puis il y eu les travaux de R. THOM sur la théorie des catastrophes (inspirés des travaux sur la théorie du chaos de E. LORENZ).

Quels ont été, de manière très synthétique, leurs apports respectifs à la systémie, et plus particulièrement à la thérapie familiale systémique ?

LE CADRE CONCEPTUEL DE LA CYBERNETIQUE DE SECOND ORDRE

•MATURANA et VARELA, biologistes, mirent en évidence chez certains systèmes, des caractéristiques dites autopoëitiques (systèmes auto organisés et auto-entretenus) se différenciant de systèmes dits allopoëtiques (systèmes pouvant être contrôlés de l’extérieur).

" Un système est dit autopoëitique, lorsqu’il est... cohérent, dynamique, ouvert à l’échange énergétique, communicatif, interactionnel avec l’extérieur, autoproducteur et créateur, mais avec des boucles internes court-circuitées, c’est-à-dire sans entrée ni sortie... " ALBERNHE

Sa délimitation est effectuée par une " fermeture autopoëitique " conférant au système une identité spécifique dans sa structure et son organisation.

L’application de ces idées à la thérapie familiale permet d’envisager la famille comme un système autonome, apte à l’autogestion et à la création dans son rapport avec son contexte évolutif.

Elle demeure dotée de compétences pour régler la plupart des problèmes auxquels elle est confrontée. Ce qui fait dire à G.AUSLOOS qu’une famille ne se pose que les problèmes qu’elle est capable de résoudre !!

PRIGOGINE, physicien, par ses travaux sur les systèmes hors d’état d’équilibre, permit aux systémiciens de s’affranchir du cadre trop restrictif de la théorie des systèmes de BERTALANFFY.

Il a mis en évidence, dans ces systèmes, leur capacité à changer et à promouvoir d’autres formes d’organisations, lorsqu’ils étaient soumis à des perturbations internes ou externes ; loin de se désorganiser, ces systèmes parviennent de manière pas forcément prévisible, à un nouvel état d’équilibre.

Appliquées à la thérapie familiale systémique, ces conceptions permettent d’envisager la famille comme un système dont les interactions de ses membres sont telles qu’un changement intervenant au niveau de l’un d’entre eux se répercutera sur les autres. Ces interactions spécifiques ont une finalité précise au service de la cohérence et de l’existence du système.

• H. VON FOESTER, ingénieur et mathématicien, à qui il est attribué la paternité de la seconde cybernétique, a permis par ses travaux de rendre compte des relations d’influence existant entre un système observateur et un système observé (concept de l’observation participante). Ainsi, il existe une implication réelle de l’observateur dans le système qu’il observe ; et loin d’être dans une posture de neutralité, celui-ci exerce une influence sur les phénomènes qu’il appréhende.

Dans cette perspective, le thérapeute familial systémique doit non seulement être conscient de son implication et de son influence lorsqu’il est en relation avec les familles, mais de plus du fait que cette implication constitue un atout.

Quels sont les apports de la cybernétique de second ordre à la thérapie familiale systémique, du point de vue d’une vision :
- de la famille ?
- de la fonction et de la position auto-référencielle du thérapeute ?
- des fondements de la relation thérapeutique ?

Quelle vision de la famille ?

La famille est perçue comme un système dynamique, animé par les interactions intenses et complexes de ses membres, et qui est confronté à des crises en relation avec son contexte évolutif (tant sur le plan socio-économique que sur le plan de la nature et de l’évolution de ses interactions). Certaines crises peuvent être vécues comme problématiques.

Quelles sont les fonctions et positions du thérapeute ?

Le thérapeute familial n’est plus un observateur-spectateur extérieur à ce qui se produit ; il est lui-même producteur d’actes et de sens ; il est co-acteur du jeu en train de se dérouler ; il n’est plus dans un système clivé avec d’un côté le système thérapeutique et de l’autre le système familial : ici, système familial et système thérapeutique s’imbriquent pour former un système nouveau, une réalité nouvelle.

Le thérapeute, dès lors, n’est pas l’unique détenteur du savoir ; il le partage avec la famille. Sa fonction s’apparente alors non plus à celle d’un réparateur, mais plutôt à celle d’un facilitateur de communication, de recherche de sens, de création de solutions auprès de la famille.

Il ne cherche plus à disséquer, à comprendre, en bref à garder pour lui l’information, mais plutôt à la circulariser. Pensons à l’école de Milan et bien évidemment, à BATESON : « L’information est une différence qui fait la différence... »

Quels fondements à la relation thérapeutique ?

Le thérapeute ne construit plus sa relation avec la famille sur un mode hiérarchique vertical : il collabore avec la famille (thérapie de collaboration) ; MINUCHIN parle d’affiliation.

La relation thérapeutique n’est pas basée sur la neutralité du thérapeute : sa présence, ses interventions agissent sur la famille ; il doit en être conscient.

Cette implication, c’est celle par laquelle il exprime à la famille sa capacité empathique, c’est-à-dire sa volonté, de s’approcher au plus près de la réalité émotionnelle de chacun de ses membres, puis de partager avec chacun d’entre eux ce qu’il a perçu de leurs émotions. La rupture avec la cybernétique du premier ordre me semble s’exprimer particulièrement ici : le thérapeute, non seulement se propose en miroir émotionnel de l’Autre, mais il s’autorise à exprimer l’authenticité de son être, en partageant ses émotions nées de cette expérience du vécu en train de se partager avec la famille.

Loin de se couper de ses émotions, il les écoute et les partage, avec son équipe (équipe de supervision et (ou) cothérapeute), mais également avec la famille.

M.ELKAIM, par le concept de résonance, exprime cette dynamique : les émotions et les sentiments du thérapeute, en interaction avec une famille, lorsqu’ils sont utilisés dans ce qui est en train de se vivre et de se construire, peuvent aider à établir un certain niveau de communication tel que les rôles de chacun, et les (dis)- fonctionnements du système familial peuvent s’en trouver amplifiés, donc mieux repérables.

Cette implication, c’est aussi une perception et une définition toute autre du statut de l’observateur ; le thérapeute constitue un élément parmi d’autre, composant et co-construisant une réalité d’où émergent différents niveaux d’observation des subjectivités (notion d’auto référence développée par ELKAIM).

De la première à la deuxième cybernétique : la question de la thérapie des thérapeutes

Nous sommes ainsi passés d’une approche qui se voulait objective des systèmes familiaux à une approche participante, moins arrogante quant à ce qu’elle prétend savoir, et plus authentique en ce qui concerne la participation des thérapeutes.

Si le modèle de la première cybernétique reste encore aujourd’hui utilisable et utilisé pour les premiers pas dans la thérapie - il est rassurant de se penser extérieur au système - , de plus en plus, les formations insistent sur l’inévitable « présence » du thérapeute dans la thérapie.

L’histoire personnelle, chassée au début de la systémique, rentre ainsi à nouveau par une porte inattendue : le parcours de vie des thérapeutes est un élément non négligeable du processus. Ainsi réapparaît la question du travail thérapeutique personnel des intervenants.

P.-S.

BIBLIOGRAPHIE

ALBERNHE K et T. « Les thérapies familiales systémiques ». MASSON 1999.

AUSLOOS G. « La compétence des familles ». Coll. Relations. ERES. 1995.

BATESON G. « La nature et la pensée ». SEUIL 1984.

ELKAIM M : (sous la direction de...). « Panorama des thérapies familiales ». SEUIL 1985.

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15 mars 2007

petite pause

été 2007. Je suis en train de préparer les articles futurs

8 août 2006

coaching et auto-évaluation

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®Rolf Stauffer 2004 contact : http://www.psy-coach.ch Genève, le1.12.03/25.6.04

“NORMES POUR UNE METHODOLOGIE QUALITATIVE

RATIONNELLE ET ADAPTATIVE (MQRA)” CRITERES DE

QUALITES ET DE COHERENCES.

Écrit en avril 87, modifié en mars 93, en déc. 95 et en janvier 96, revisité en 2004

Évaluation qualitative, évaluation quantitative des psychothérapies et du coaching

L’évaluation quantitative ou l’évaluation qualitative ouvrent pour moi le débat sur la méthode d’analyse

que je vais utiliser pour évaluer les psychothérapies et les scéances de coaching. Ce modèle me permet à

tous les instants d’un entretien de savoir où se situe mon client, où je me situe, et donc de plus facilement

venir en aide à mon client.

Le premier texte sur les méthodes, sur lequel j’ai réfléchi remonte à avril 19871. J’ai par la suite approfondi

ma réflexion à plusieurs reprises, notamment en mars 1993, en décembre 1995, en janvier 19962 et durant

les années 2003 et 2004.

En me relisant, j’ai trouvé qu’il convenait assez bien à la recherche relative à l’évaluation des

psychothérapies opposant les méthodes quantitatives et les méthodes qualitatives. Je l’ai complété, en y

ajoutant mes considérations actuelles sur le sujet, et en vous détaillant la méthode qualitative que je me

suis créée pour évaluer le travail thérapeutique que je fais dans mon cabinet. Je propose un modèle qui

peut être utilisé pour l'analyse de toutes les activités humaines, aussi bien économique , écologique,

sociale, scientifique. Ma réflexion propose une méthodologie générale. Un tel modèle permet plus

facilement de différencier les éléments analysés et ensuite d'établir des liens entre eux.

Je vous livre sur le site, le texte d’introduction ainsi que le modèle élaboré. Les personnes désirant en

savoir plus, peuvent prendre contact avec moi.

1 Elaboration d’un cours sur la systémique à l'Ecole Sociale de Lausanne

2 Pour un cours donné à la Migros

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®Rolf Stauffer 2004 contact : http://www.psy-coach.ch Genève, le1.12.03/25.6.04

1. APPROCHE SYSTEMIQUE ET APPROCHE ANALYTIQUE (ET

EXPERIMENTALE) : DIFFERENCES FONDAMENTALES

Deux manières philosophiques de voir les méthodes, déterminant des visions différentes du monde.

1.A. APPROCHE NOMMÉE ANALYTIQUE

La méthode analytique, qui étudie avant tout un objet en l’isolant du reste du monde, se différencie de

l’analyse systémique, en simplifiant utilement, mais idéalement les données. La méthode analytique ne

s’appuie ainsi que sur des situations presque jamais rencontrées dans la nature. En sciences, ce sont toutes

les expériences qui ont besoin d’un environnement précis et identique pour être reproduites, mesurables et

comparables. Elles s’appuient sur la science des statistiques qui permet de mesurer et de considérer des

choses ou des situations approximatives de manière précise (moyenne, etc.). C’est ainsi qu’est construite,

dans l’ensemble des disciplines, toute la recherche expérimentale. On essaie de reproduire les mêmes

phénomènes dans des environnements et dans des conditions identiques selon Descartes3:

a) pour toute chose, faire la preuve de sa véracité,

b) diviser les difficultés en parcelles pour mieux les résoudre,

c) partir du général pour arriver au particulier,

d) analyser les objets les plus simples en les isolant,

e) dénombrer et classer afin de ne rien omettre.

Ces présupposés donnent l’illusion de maîtriser la dimension du temps en l’immobilisant, ou plus

exactement d’évacuer la dimension de l’évolution, et donnent à penser qu’il existe des choses

définitivement immobiles et acquises. Ils donnent l’illusion que nous sommes dans un environnement

stable, qui se perpétue toujours de la même manière; un environnement que l’homme ne pourrait pas

modifier, mais qui est à son service.

Certains pensent que ce monde sera un jour connu définitivement, lorsque les sciences auront découvert

toutes les causes à effet que comporte la réalité du monde. Cette philosophie postule qu’il y a une réalité

objective, et qu’un jour les scientifiques sauront la décoder sans erreurs. On pourra alors tout décoder de la

réalité, le hasard n’existera plus. Cette philosophie postule la linéarité de la cause à effet.

Descartes fut un élève Jésuite de 1606 à 1614. Il fut influencé par le livre, les « Exercices spirituels »,

d’Ignace de Loyola, fondateur de l’ordre, qui préconise « de conduire par ordre ses pensées pour atteindre

la vérité et lui permettre de se rendre maître et possesseur de la nature » dans le but de servir Dieu.

Cette philosophie sera considérée durant longtemps comme la seule valable pour les sciences exactes, mais

aussi pour les sciences sociales, qui considèrent le monde comme quelque chose de définitif. Cette

conception du monde mécaniciste fut, tout au long de l’histoire, opposée et confrontée, à la conception

finaliste. Depuis deux siècles, ce n’est qu’épisodiquement que le discours sur la méthode fut remis en

question, mais jamais avec succès et de manière aussi fondamentale qu’aujourd’hui. L’approche

analytique est de plus en plus contestée par les nouveaux philosophes scientifiques. Une des critiques

fondamentales qu’ils émettent à l’encontre de la méthode analytique est qu’elle est trop simpliste et

simplificatrice, qu’elle ne représente que l’exception, car les expériences dans la nature ne se renouvellent

jamais deux fois de la même manière4. Ils pensent que le monde évolue en se modifiant et que deux

situations exactement identiques ne peuvent jamais se reproduire si ce n’est de manière artificielle. (De là,

l’aspect aléatoire de la sécurité des centrales atomiques).

3 Descartes, Discours de la Méthode, 1637

4 J. de Rosnay, "le macroscope", Voir tableau p.108 ,comparaison entre approche analytique et approche systémique

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®Rolf Stauffer 2004 contact : http://www.psy-coach.ch Genève, le1.12.03/25.6.04

1.B. APPROCHE NOMMÉE SYSTÉMIQUE

Ces nouveaux scientifiques ont adopté une troisième conception du monde qui est celle de l’évolution

créatrice5. Il s’agit de l’approche systémique. Selon Atlan6, cette troisième conception du monde dispose

aujourd’hui du langage et des outils conceptuels adéquats, la thermodynamique des systèmes ouverts, la

théorie de l’information, la cybernétique. Le concept du hasard « bruit » y est intégré, alors qu’il est

évacué dans l’approche analytique. Il est un des éléments importants de ce courant philosophique. Il n’est

pas seulement un élément désorganisateur, mais il peut aussi contribuer à créer de la complexité

organisationnelle. L’homme, notamment devient créatif lorsqu’il arrive à intégrer « le bruit » et le hasard.

À travers la créativité, il s’auto-organise.

Les nouvelles sciences postulent une philosophie de la subjectivité, du hasard et de la créativité. Elles

considèrent le monde en évolution et considèrent que cette évolution comporte un certain nombre

d’incertitudes, d’imprévisibilités. S’il y a bien des causes et des effets aux phénomènes ou à la réalité que

nous pouvons appréhender, il est plus que probable que chaque effet a de multiples causes, et que pour

chaque effet, que nous considérons comme semblable, il y a un certain nombre de causes dissemblables,

non identiques, voire même des causes fondamentalement différentes.

La théorie de l’évolution verra dans chaque réalité, une réalité différente des réalités précédentes, c’est à

dire que chaque réalité comportera des éléments différents qui la détermineront différemment de cas en

cas, même si on a l’impression de répéter quelque chose d’identique à une précédente fois. Par exemple, la

personne qui ne modifie pas son comportement devra malgré elle adapter, c’est à dire modifier ce dernier à

toutes les nouvelles situations de son existence en fonction de son âge (vieillissement biologique) et en

fonction des changements du contexte (de la société et de la nature). Elle devra intégrer à un

comportement considéré comme inchangé et rigide, une flexibilité d’adaptation de ce comportement à

l’environnement sans quoi elle sera de plus en plus décalée par rapport à la réalité qui, elle, évolue. La

difficulté psychique, ou la maladie psychique peut, dès lors, être considérée comme justement une

difficulté d’adaptation partielle. Cette philosophie comporte en elle les points analysés précédemment sur

les théories. Elle est tellement mouvante, qu’elle a besoin de constamment adapter sa méthodologie, sa

manière d’analyser la réalité. A chaque situation correspond une manière, une méthode particulière

d’analyser.

Les différences fondamentales d’approche scientifique entre ces deux méthodes (mécaniciste c’est à dire

analytique et évolutionniste créatrice c’est à dire systémique), sont philosophiques et épistémologiques7.

Elles peuvent être représentées par deux manières de voir le monde.

le mur

(construit logique et linéaire en 2 dimensions)

le nuage de points aléatoires

(construit non linéaire en 3 dimensions)

5 Evolutionniste avec un temps créateur, qui est à la fois mécaniciste et finaliste, voir Bergson

6 H. Atlan, Entre le cristal et la fumée.

7 Epistémologiques: Etude critique, origine logique, valeur et portée des sciences.

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1.1. Les principes MÉTHODOLOGIQUES concernant les deux méthodes analysées

1.1.A. Expérimentale/clinique.

Le praticien définit précisément le problème à

analyser.

Il développe la problématique avec ses idées, des

apports théoriques. Il définit des hypothèses

théoriques et opérationnelles, des variables

opérationnelles, indépendantes et dépendantes,

ainsi que, d’éventuelles variables parasites qu’il

devrait neutraliser.

Dans le cadre d’une recherche, il passe à

l’expérimentation (si possible reproductible, en

milieu fermé identique) et à la récolte des

données.

Il obtient des résultats qu’il analyse en fonction

des hypothèses. Ces dernières seront alors

infirmées ou confirmées. Le praticien arrivera à

formuler des conclusions.

Cette méthode semble très efficace, car repose

sur des résultats chiffrés (quantitatifs et

qualitatifs) précis, sur des formules

mathématiques et des statistiques. Elle rassure

beaucoup les praticiens et les scientifiques, permet

d’affirmer, d’être sûr de soi et de ce qu’on fait.

Elle donne l’illusion de la précision et de

l’exactitude, mais les résultats ne seront

qu’indicatifs dans un contexte mouvant.

1.1.B. Empirique (modélisation et

simulation)

Le praticien définit le problème à analyser tout

en considérant le problème comme un ensemble

d’éléments en interaction, évoluant dans le

temps, organisés en fonction de

l’environnement et de ses buts (finalités)8.

La méthodologie se construira au fur et à mesure

de l’évolution de la recherche de manière

pragmatique, rationnelle et en cohérence avec

l’objet analysé. Le praticien privilégiera l’analyse

qualitative à l’analyse quantitative. Les sciences

mathématiques, statistiques, etc. y seront

intégrées, si le besoin s’en fait ressentir, mais au

profit de la qualité.

Les hypothèses s’adapteront à l’évolution de la

recherche. On prendra toutes les variables en

compte en déterminant leur effet sur l’objet

analysé. Le praticien n’écartera pas l’inanalysable.

La méthodologie doit rester adaptative.

Le praticien observera et analysera les données,

fera des différences et des liens. Il formulera des

conclusions en considérant l’équilibre de l’objet

analysé et son intégration dans son

environnement. Il optera davantage pour des

estimations que des affirmations. Il aboutira

souvent à des consensus. L’analyse ne sera jamais

sûre, restera toujours approximative, il n’y aura

pas de Vérité. Ce modèle empirique est imprécis,

semble très théorique, idéaliste, difficilement

concrétisable, car il n’est jamais fini.

8 G. Ausloos, (voir bibliographie)

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1.2. Dans les sciences humaines

Les deux méthodes se basent sur l’observation des signes, mais l’interprétation que l’on va en faire sera

différente selon la méthode choisie.

Le diagnostic, les traitements ainsi que les processus de guérison reposent essentiellement sur la récolte de

données et signes produits par l’humain et observés par un tiers spécialiste, soit :

1) L’observation et le constat de signes dits « objectifs ».

2) La lecture, si possible dans la continuité et dans le mouvement de ces signes dits « objectif », c’est à

dire inscrits dans un processus, une stratégie. Ils forment des mouvements, des comportements. Ils font

partie de relations.

3) L’interprétation de signes en fonction de la, ou des théorie(s) de l’observateur, du soignant ou du

thérapeute.

En règle générale, les signes suivants sont observés :

a) Les signes du corps (son, langage, vue, image, goût, essences, odorat, odeurs, sensations tactiles,

ressenti corporel) interprétés en sentiments, affects, émotions, défenses, raisonnements.

b) Les comportements qui sont des ensembles de signes corporels.

c) Les relations qui sont des ensembles de comportements.

d) Les informations de la mémoire qui sont des ensembles de pensées, de souvenirs objectifs/subjectifs,

retraçant une histoire objective/subjective (ensembles aléatoires de pensées ou d’actions vécues et qui

ont été retenues dans la mémoire).

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1.3. Les deux principes méthodologiques appliqués aux sciences humaines, plus

particulièrement à la psychologie et la médecine.

1.3.A. Analytique

Les fonctionnements défectueux sont déterminés,

un diagnostic est établi, la normalité est

différenciée de l’anormalité, et la maladie ou

l’anomalie sont diagnostiquées, l’objectif étant de

guérir la personne malade, c’est à dire d’éliminer

l’anormalité.

Le praticien restera spécifique, spécialiste, et

essaiera de cerner les problèmes en fonction de sa

profession ou de sa spécialité. Il ne mélangera pas

le somatique avec le psychologique ou le social. Il

isolera l’élément étudié et ne soignera que ce qui

dépend de son domaine. Il simplifiera donc au

maximum l’objet étudié et cherchera une solution

aux problèmes, à la maladie.

Son raisonnement et son analyse seront logiques et

chronologiques, il cherchera à établir la relation

de cause à effet. Le patient ne sera que rarement

abordé dans sa complexité, globalement sous tous

les aspects de sa personne.

Le spécialiste établira des hypothèses vérifiables

qui se révéleront justes ou fausses. L’objectif sera

de rétablir la « normalité » soit de guérir en ce qui

concerne la santé. Le spécialiste se considérera

comme un praticien ou un observateur neutre,

objectif. Il considérera les règles et les lois,

établies selon les règles dominantes, comme

vraies (absolues). Cette véracité sera justifiée par

l’expérience historique.Cette manière de pratiquer

est la plupart du temps trop rigide.

Si on prend l’exemple de la médecine ou de

certaines thérapies, le patient sera sujet, assujetti,

soumis à la volonté et au savoir du spécialiste. Il

obéira. Un échec ne remettra pas en cause le

spécialiste ni la méthode utilisée, la cause en sera

presque toujours le patient (il ne répond pas

correctement au traitement ou ne l’aura pas suivi

correctement).

En psychanalyse, le praticien aura un rôle passif,

entrecoupé d’interprétations ne concernant que son

patient. Le patient sera laissé le plus souvent à luimême.

Le praticien ne prendra aucune

responsabilité, il restera « neutre », ancrée dans sa

théorie et insistera sur le respect strict et rigide du

cadre. Il ne s’occupera que du processus mental du

patient.

1.3.B. Systémique

On regarde le fonctionnement global ou partiel de

la personne sa cohérence et sa capacité d’adaptation

alors on soigne et on favorise le développement

humain, l’objectif étant d’obtenir un mieux-être de

la personne.

Le praticien procèdera par différentiations,

associations pour établir des liens, par cercles

concentriques. Il recherchera la cohérence des

choses, il analysera les phénomènes

simultanément sans les isoler et essaiera d’en

déterminer toutes les dimensions. Il cherchera à

faire des liens entre le spécifique et la globalité du

problème (et réciproquement).

Il considérera la situation problématique et le

patient comme indissociables et intégrés dans

leur environnement en tenant compte de la

complexité des éléments analysés. Il fera évoluer

ses hypothèses, les adaptera en fonction de ses

recherches (plusieurs niveaux) ou de ses

investigations. Il considérera les résultats dans leur

subjectivité. Il se considérera comme un praticien

ou un observateur engagé avec sa propre

subjectivité, capable d’erreurs. Il considérera les

règles et les lois comme relatives. Il recherchera

des consensus. Il considérera sa pratique comme

insérée dans le flux du temps (valable ici et

maintenant).

Cependant, cette manière de pratiquer est trop

complexe et est difficilement applicable. Elle

permet des approximations, des réductions de

problèmes.

Parfois, elle permet tout et n’importe quoi (de tout

justifier). Pour être efficace, cette méthode

demande une grande rigueur, une vue générale, une

grande pratique, une souplesse d’esprit, de grandes

connaissances générales et une excellente culture. Il

faudrait être « superman » pour s’en sortir

correctement. Lorsqu’elle est utilisée en thérapie de

famille, elle ne prend presque jamais en compte les

systèmes plus vastes et refuse de considérer le

patient comme un système dysfonctionnant.

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Ces deux courants sont exposés ici de manière schématique, il y a de nombreux courants annexes ou

intermédiaires qui reprennent certains des éléments de chacune de ces philosophies.

Pour exemple, et de manière grossière, le comportementaliste ferait partie du courant de la philosophie

analytique (relation de cause à effet logique), la psychologie humaniste et la thérapie de famille feraient

partie du courant de la philosophie systémique.

Les deux méthodes sont utiles et peuvent se compléter si on les utilise en fonction de leurs spécificités et

des objectifs de recherche. A mon sens, elles sont les deux insatisfaisantes. C’est la raison pour laquelle

j’ai essayé durant ces années de définir un procédé, une méthode de travail plus efficace, basé sur la

cohérence.

Mon premier objectif a été de me situer en tant que chercheur, praticien, observateur, dans mon

environnement et de situer mon analyse afin d’en clarifier les niveaux. A cet effet, j’ai élaboré une grille

d’analyse en trois dimensions me permettant de me localiser dans n’importe quelle situation. Donc

également, de me positionner en tant que thérapeute, de positionner le patient, puis de situer la

problématique de la thérapie.

Bibliographie:

Une logique de la communication, Watzlawick, Beavin, Don D. Jackson , 19 6 7, Ed. Seuil 1972

Le macroscope, vers une vision globale, J. de Rosnay, Edit. Seuil, coll. Points, 1975

La nature et la pensée, G. Bateson, 1979, Edit. Seuil 1984

Entre le cristal et la fumée, H. Atlan, Edit. Seuil, 1979

Le soldat conquis par Dieu. article de A. Longchamp, Journal de Genève du 29.12.1990

Discours de la Méthode, Descartes, Garnier-Flammarion, Paris, 1966.

Introduction à la pensée systémique et l'approche familiale, Ausloos G., FPSE, Genève, année 83-84, notes

de cours.

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2. ELABORATION D’UN MODELE SOUS FORME DE GRILLE

D’ANALYSE

2.0.0.1. Introduction

Au sein de la Fédération Suisse des Psychologues en collaboration avec les association de médecins

psychiatres, un débat a lieu concernant le problème de la validation de la psychothérapie et de son

efficacité. Un congrès a été organisé avec intervention de spécialistes. Deux expertises ont déjà été

produite à ce sujet en Suisse, celle du Prof. Dr. Jürgen Kriz9 et celle de la Dresse Ehlert10. Dans le modèle

que je vous propose, les principes dont parle le Prof. Dr. Jürgen Kriz11 dans son expertise sont, à mon sens,

respectés. Ces principes sont les suivants : se considérer et rester subjectif et consensuel (unscharf),

multidimensionnel et complexe tout en ayant à disposition des critères relativement simples qui permettent

de faire une analyse qui va du plus simple au plus complexe, du plus petit au plus grand. Les principes

défendus par la Dresse Ehlert12 dans son expertise pour la FSP, tels des statistiques, des normes ou des

critères quantitatifs peuvent également être intégrés dans la grille proposée. Pour le modèle que je vous

propose, je m’efforcerai de définir des critères discutés sur le plan épistémologique.

Définitions

Modèle : ce qui sert ou doit servir d’objet d’imitation pour faire ou reproduire quelque chose. Plan ;

représentation simplifiée d’un processus, d’un système.

Épistémologie : étude critique des sciences, afin d’en déterminer leur origine logique, leur valeur et leur

portée.

Critère : « caractère, signe qui permet de distinguer une chose, une notion ; de porter sur un object un

jugement ». Concept, ensemble de signes qui sert de base à un jugment

Axiome: Assertion intellectuellement évidente ; hypothèse dont on tire des conséquences logiques en vue

de l’élaboration d’un système (postulat, lemme, prémisse, principe, hypothèse)

Ci-après, vous trouverez l’ensemble du texte avec les explications inhérentes à chaque critère d’analyse

choisi ainsi que les fondements épisthémologiques sur lesquelles ces critères reposent. Vous trouverez

également l’ensemble de la bibliographie sur laquelle j’ai travaillé. Le texte fait environ 17 pages.

9 Expertise Prof. Dr. Jürgen Kriz

10 Dr. Ehlert dans son expertise pour la FSP

11 Expertise Prof. Dr. Jürgen Kriz

12 Dr. Ehlert dans son expertise pour la FSP

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2.1. LA GRILLE,

ou, « À la recherche de la cohérence perdue »

Mes premiers objectifs en travaillant sur cette grille étaient de me situer, situer l’autre, situer le problème.

Afin d’atteindre cet objectif, il m’a fallu tout d’abord dissocier les éléments de l’analyse, de manière à

pouvoir ensuite refaire des liens qui prennent du sens. Tout le problème consistait à trouver des critères me

permettant de faire des liens du plus petit des systèmes au plus grand, et vice-versa, de replacer les choses13

dans la globalité, de faire des liens entre les ensembles, et parfois entre les choses qui ne semblent pas en

avoir. La grille devait également me permettre de détecter rapidement les conflits entre éléments

(incohérences) analysés, pour ensuite pouvoir introduire d’avantage de cohérence dans leurs relations et de

ce fait être efficace et rationnel.

Afin de procéder à une analyse satisfaisante, il m’a donc semblé indispensable :

- de pouvoir me situer dans le champ de la réalité dont je fais partie ;

- de me donner les moyens d’évaluer les relations qui me lient aux autres éléments du champ en

déterminant des critères ;

- de me donner la possibilité de comprendre comment je fonctionne moi-même (c’est à dire. mon

propre système) ;

- de comprendre comment fonctionne l’autre (en l’occurrence mon patient) ;

- de voir comment notre fonctionnement conjoint pouvait dégager une dynamique positive.

2.1.1. Premiers critères de qualités et de cohérences pour une épistémologie du modèle

La réalité est la réalité

Il y avait une fois, le soleil, l’atmosphère, la terre, l’eau et le temps. Ce qui permit à la cellule de naître et

d’évoluer. Puis la nature a fait son travail. Longtemps très longtemps après notre planète s’est recouverte

de sa faune et de sa flore. En ce temps, les choses11 étaient « un », car il n’y avait pas d’intelligence pour

les nommer et les dissocier, en ce temps, la réalité était la réalité. Quelques accidents d’évolution plus loin

une chose bizarrement complexe apparaît : c’est l’humain.

L’humain acquit peu à peu la capacité de dissocier les choses, de les assimiler, de les accommoder, de se

les représenter pour enfin pouvoir les nommer. Sans sa capacité de se représenter et de nommer les

choses, la réalité resterait la réalité. Cependant depuis que l’humain se la représente et la nomme, la

réalité est devenue le concept « monde » et n’est donc plus qu’une représentation inexacte de la réalité.

La réalité ainsi nommée n’est donc, selon Bateson12-13, qu’une carte de la réalité dont l’humain est le

centre.

L’humain est le centre.

Axiome : L’humain est à la base de toute activité intelligente, de toute communication, il n’y a pas de

science sans humain, pas d’économie, pas de société, pas de croyance, pas de religion, etc. C’est l’humain

qui est à la base de toutes considérations, de toutes recherches telles que nous les connaissons. L’humain

ne peut être écarté. Il n’y a pas d’activité intelligente élaborée en dehors de l’humain (jusqu’à preuve du

contraire). Il en est le centre, même si certains de ces humains le refusent et voudraient mettre un dieu au

centre, écarter les humains dérangeants et soumettre ceux qui ne pensent pas comme eux.

Principe : L’humain est donc au centre, au centre de la grille, c’est à partir de lui que je situe les autres

humains et les choses. C’est à dire que c’est à partir de moi, puisque je suis humain et que j’analyse. Tout

chercheur devrait amorcer ses considérations à partir de lui-même et de sa position puisque c’est lui qui

énonce la problématique, qui cherche et qui retranscrit ce qu’il a trouvé.

13 Toute réalité concrète ou abstraite conçue comme une unité, un objet unique

14-13 Pauzé Robert, Gregory Bateson itinéraire d'un chercheur

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Subjectivité, valeur fondamentale première.

L’activité mentale de notre cerveau, les capacités qui en résultent sont présentes grâce au développement

de notre système biologique, plus spécifiquement de notre système nerveux. Notre système nerveux nous

permet de comprendre le monde dans lequel nous vivons. Nous percevons ce monde à travers lui. Les

informations sont perçues par ce système (biologique), y entrent, y sont traitées, transformées pour

ressortir dans une codification digitale et analogique particulière, sous forme de paroles, de textes écrits,

dans une langue spécifique à notre état d’humains. Notre système nerveux biologique médiatise toutes ces

informations, c’est ce que nous appelons communiquer. Il est impossible de communiquer sans médiatiser,

ce qui m’amène à énoncer l’axiome suivant:

Toute communication a passé par un système nerveux ; la communication est donc une information

médiatisée par un système nerveux. Autrement dit, pour qu’un signe ait du sens il aura dû être médiatisé

par un système vivant intelligent.

L’information aura été soumise au traitement des trois systèmes nerveux de notre corps. Le système

nerveux central(SNC), le système nerveux autonome ou végétatif (SNA) et le système nerveux effecteur

(SNE). Elle aura été transformée et finalement restituée sous forme de langage digital et analogique15. Les

processus de perception, de transformation et de restitution de cette information ne sont que très

partiellement maîtrisés. (Nous n’avons aucune maîtrise sur la codification interne. Nous n’avons qu’une

maîtrise partielle sur les informations retenues ou non retenues par notre mémoire, etc.).

15 Watzlawick, Helmick, Beawin, Don D. Jackson, Une logique de la communication .

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2.2. DIVISION DU CHAMP DE LA RÉALITÉ

en trois axes (I,II,III)

Division du champ de la réalité en trois axes qui s’interpénètrent, afin de pouvoir différencier, relier

et situer.

L’axe des emboîtements systémiques,

L’axe de critères de cohérence et d’équilibre,

L’axe de l’évolution, du mouvement et de l’histoire, soit celui du temps qui s’écoule.

GRILLE D’INTÉGRATION

AXE DES EMBOÎTEMENTS

SYSTÉMIQUES

AXE DU TEMPS ET

DE L’ ÉVOLUTION

AXE DE LA COHÉRENCE ET DE L’ÉQUILIBRE

J’ai complété les axes du champ avec des critères simples. Cette division en critères permettra

(notamment au thérapeute) de se repérer et de situer soi-même, sa recherche, sa théorie, mais aussi l’autre,

le client, le patient, etc. ... Ces critères permettront ensuite d’établir des liens entre les éléments du champ

et d’évaluer s’il y a cohérence ou non entre l’axe de la cohérence et de l’équilibre, celui des

emboîtements systémiques et celui du temps et de l’évolution.

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I. AXE 1 PLAN VERTICAL

Les emboîtements systémiques16

Du plus petit au plus grand, mais aussi « nous, dans notre environnement » ou « possibilité de se situer

dans son environnement ».

Axiome : Observer, différencier, faire des liens, ordonner, sérier, assembler, construire, transformer,

programmer, déprogrammer, reprogrammer, faire des opérations logiques et analogiques, soit

accommoder les informations, sont des capacités mentales propres à l’humain. C’est ce qui nous

caractérise et fait que nous sommes dissemblables des autres systèmes vivants.

L’élaboration des niveaux systémiques est le résultat de ces facultés. J’ai ainsi pu définir cinq niveaux

systémiques toujours emboîtés les uns dans les autres. Ces cinq niveaux systémiques se retrouvent tous

dans l’activité quotidienne humaine et permettent une meilleure compréhension psychique de l’humain.

Ces niveaux sont directement en lien avec les activités de tous les jours. Le système humain en est le point

de départ.

Je les répartirai sur un axe, afin de pouvoir en tenir compte bien qu’ils s’emboîtent les uns dans les autres à

la manière des « poupées russes ». Bien que l’énumération des niveaux systémiques ne soit pas exaustive

et qu’elle puisse commencer plus en amont et continuer en aval, je n’utiliserai pour ma démonstration que

cinq niveaux systèmiques (A à E).

- Le niveau des gênes de l’ADN15

A) Le niveau des systèmes cellulaires dont je ne tiendrai que peu compte à ce stade, mais qui a,

selon mon avis, une grande importance dans la somatisation des conflits psychiques.

B) Le niveau des systèmes humains et de ses composants. Il représente l’élément de base des

systèmes sociaux et dépend clairement des autres systèmes cités ci-après, notamment jusqu’au

système solaire. Il influence directement les systèmes cellulaires.

C) Le niveau des systèmes sociaux et leurs sous-systèmes dont le système vivant est l’élément de

base.

- Les sous-systèmes sociaux les plus petits sont les couples ou la relation à deux ;

- Le système social traditionnel, la famille ;

- Les systèmes sociaux non traditionnels, les petits groupes à partir de 3 personnes, les groupes

moyens et les groupes larges, telles les assemblées ;

- Les systèmes sociaux complexes, telles les institutions (la famille étant également incluse à ce

niveau) et les entreprises ;

- Les systèmes de société, de nations, clans, tribu, ethnies, etc. ;

- Le système social terrien représenté par les Nations Unies ;

D) Le système naturel (terrien) de notre planète terre englobant tous les autres sous-systèmes

naturels et tous les autres systèmes vivants.

E) Le système solaire englobant notamment la terre, la lune et les autres planètes.

- L’univers dont les influences directes sur l’humain restent encore à démontrer, notamment au plan

de la psychologie.

16 J. de Rosnay, L’aventure du vivant

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système solaire

système terrien

systèmes sociaux

système « vivant » humain

systèmes cellulaires

Il existe des différences essentielles entre ces niveaux et ils ne peuvent être confondus17. Ils s’emboîtent les

uns dans les autres. Les différences sont dues à des sauts systémiques trop importants tels que le système

plus petit est l’élément de base du système supérieur. Dans ce sens, une cellule ne peut être comparée à un

système humain (exemple au niveau de sa complexité), ni un être humain à un système social, ni les êtres

humains et les systèmes sociaux au système naturel, ni le système naturel au système solaire. Chaque

système a des caractéristiques spécifiques qui le différencient fondamentalement des autres.

Ce qui les relie par contre, et les rend interdépendants, c’est que la cellule est l’élément de base du système

humain, l’être humain l’élément de base des systèmes sociaux humains, le système social humain est

devenu un élément incontournable du système naturel qui auparavant a généré, ou rendu possible, les

cellules et les systèmes vivants. Sans la nature, l’humain n’existerait pas, c’est le système dans lequel nous

vivons et sans lequel nous disparaîtrions. La nature, telle qu’elle est sur notre planète est une

caractéristique particulière et spécifique du système solaire.

Tout au long de notre vie nous vivons continuellement, souvent sans en être conscient, dans l’interactivité

des systèmes. Il est certainement plus juste encore de parler de l’interpénétrabilité des systèmes (de la

cellule à l’univers). C’est une vision verticale de l’activité vivante qui se vit également dans le temps. « Le

soi n’est pas une entité séparée. Le soi émane de la relation entre l’humain et l’environnement »18

(Bateson).

Le lien étroit des humains avec tous ces systèmes, est qu’ils en sont

DÉPENDANTS,

au point que leur vie en dépend.

De là, leur importance et leur influence sur le psychisme humain.

Tous les systèmes peuvent être analysés avec les mêmes critères de cohérence.

17 Robert Pauzé p. 112 et suivantes et Bateson G. La nature et la pensée.

18 Batson

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II. AXE 2 PLAN HORIZONTAL

Les critères de cohérences et d’équilibre.

Quatre critères m’ont semblé essentiels pour pouvoir évaluer mon action, mon propre système (vivant),

ainsi que celui des autres, mais aussi pour évaluer des systèmes sociaux ou naturels.

1) Structure, organisation et matérialité. L’aspect matériel sur lequel se base l’analyse, inclut la

structure organisationnelle et matérielle. Les structures ont des souplesses et des adaptabilités

diverses. Entre la rigidité du squelette et la très grande souplesse et mobilité du cerveau qui produit

des idées, le système humain est composé de différentes structures organisées spécifiquement, les

structures solides, les structures molles, les structures et organisations veineuses, nerveuses, etc. Ces

organisations et structures matérielles sont ordonnées et obéissent à certaines règles et à des

fonctionnements spécifiques.

2) Fonctionnement dynamique, principe d’action. Une des spécificités du fonctionnement est la

transformation de matière en énergie. Le fonctionnement des systèmes humains permet de produire

des actions, des idées, ce qui nécessite un système nerveux. Le fonctionnement des systèmes sociaux

est notamment déterminé par la manière qu’ont leurs systèmes de base d’interpréter leurs rôles, leurs

manières d’interagir, de collaborer, etc., en résumer de travailler, dans le but de produire. Le

fonctionnement des systèmes doit être considéré de manières diverses. Le fonctionnement des

systèmes naturels et planétaires est aléatoire et phénoménologique. On y retrouve notamment des

phénomènes identiques s’y répétant, qui ne sont dirigés par aucune volonté. Les fonctionnements

sociaux sont élaborés par les systèmes vivants, et, plus spécifiquement, les systèmes humains.

3) Production, consommation et besoins. L’aspect productivité inclut toutes les productions propres à

l’humain ou celles propres aux systèmes sociaux, dont, pour les humains les signes, les actions, les

comportements, qui sont éventuellement mesurés, observés classés ainsi que la production de bien et

de déchets. Toute production à un coût (notamment financier). La production des systèmes naturels

serait par exemple la chaleur et le rayonnement pour le soleil. Les systèmes naturels produisent des

systèmes vivant de manière aléatoire. La production est un aspect d’une boucle de rétroaction

phénoménologique, c’est un aspect incontournable de l’activité humaine.

4) Finalités affirmées/induites, conscientes/inconscientes. Les objectifs doivent être analysés en

cohérence avec ceux des autres niveaux (à court, moyen, long terme). Les finalités sont propres aux

systèmes vivants dotés d’un cerveau performant, mais plus spécifiquement à l’humain et servent à

orienter son action. En plus de ces propres objectifs, l’humain définit également des objectifs et des

finalités aux autres systèmes. La finalité identique à tous les systèmes pourrait être qu’à plus ou

moins long terme ils meurent, dépérissent.

II.1. Équilibre, homéostasie et cohérence

La synthèse des 4 critères fixés ci-dessus, devrait permettre d’évaluer rapidement dans le présent, s’il y a

cohérence ou incohérence entre les éléments d’un même système. Pour les systèmes vivants, une bonne

cohérence devrait signifier qu’il y a un bon équilibre systémique, peu de souffrance et qu’il s’agit d’un

système en harmonie avec lui-même. Si la cohérence existe avec le système social dans lequel le système

vivant demeure, cela signifierait qu’il y a une bonne intégration sociale. De manière identique, si la

cohérence existe avec le système naturel (terrien) dans lequel le système vivant vit, cela signifierait qu’il y

a une bonne intégration écologique.

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système solaire

système terrien

systèmes sociaux,

système « vivant

humain »

système cellulaire

matérialité fonction- production finalité

structure nement

organisation

II.2. Autres critères et axiomes de qualités et de cohérence pour une épistémologie du modèle.

L’Univers et nous : critère des finalités. Rien n’a de sens sans médiatisation humaine. Si nous nous

plaçons dans une perspective darwinienne sur le plan des finalités et des objectifs, il est impossible que

l’univers se fixe des objectifs ou des finalités, sinon l’univers devrait avoir la capacité de penser. Dès lors

nous devrions y réintroduire un dieu ou quelque chose de la sorte. Il est plus probable que l’univers soit

aléatoire bien que réagissant ou se développant selon certains phénomènes, parfois selon certaines lois. Ce

n’est pas parce qu’il y a des phénomènes et des lois qu’il y a pour autant de l’intelligence et donc des

finalités. Selon mes observations, seuls les systèmes vivants doués d’intelligence et de capacités

mémorielles ont la possibilité de se fixer des objectifs et des finalités. Ce qui leur permet également, en

observant leur environnement, de trouver des finalités aux choses physiques et d’observer qu’il existe chez

les autres systèmes vivants biologiques des finalités induites naturellement, c’est à dire des finalités dites

biologiques.

La biologie se comporte comme si « les signes », c’est à dire des éléments de 1a nature qui se situent dans

un environnement favorable, se développaient avec le temps, et atteignaient un point de rupture qui leur

permettent de passer d’un équilibre donné à un équilibre différent, plus complexe. Les finalités biologiques

induites ont été une condition sine qua non au développement de l’humain. Nos ancêtres y ont tous été

soumis et nous le sommes actuellement toujours. Bien sûr, l’humain a réussi à ordonner, à sérier et

assembler les choses en fonction de finalités qu’il leur a données et ainsi de construire des objets, de

nouvelles réalités, mais aussi un sens à sa vie. En acquérant de la mémoire, il élabore une capacité de

projection ce qui lui a permis de se projeter dans l’avenir, de prévoir les dangers, mais aussi, d’angoisser.

Pour surmonter cette angoisse due aux phénomènes naturels dangereux se répétant et pour les expliquer et

les comprendre, il a commencé par créer des dieux, puis un dieu à son image (encore cette capacité de se

projeter). Avec le temps, il a réussi à avoir un regard réflexif sur lui-même, à analyser les phénomènes, à

les éviter, voire à les contrôler, à les maîtriser et ainsi à créer la science.19,20

Lorsque nous trouvons des finalités à l’univers, nous les avons créées pour lui, en observant par exemple

les phénomènes qui s’y produisent. Nous l’avons fait à partir de notre état de vivant intelligent. Ce sont des

finalités déduites, imaginées, inventées, créées par l’humain pour les humains, la plupart du temps sous la

19 Albert Jaquard, Dieu ?

20 Paulo Coelho, L’Alchimiste,

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contrainte de la nécessité 21. En dehors de l’humain il n’y a que des phénomènes aléatoires, certes

organisés et répétitifs, mais aléatoires quand même.

Les finalités induites ou décidées sont donc propres aux systèmes vivants humains et ne sont valables que

pour celui-ci.

Matérialité : la Matérialité humaine, critère de matérialité, structure et organisation biologique.

La matérialité biologique, la structuration de cette matérialité et son organisation qui caractérise tous les

systèmes humains, sont élémentaires en psychologie. Sans cette matérialité organisée pas d’intelligence,

pas d’affect. Piaget notait déjà que « Les éléments perçus dans un même champ sont immédiatement reliés

en structures d’ensembles obéissants à des lois précises qui sont les « lois d’organisation » 22 .

« Ces lois d’organisation, qui régissent tous les rapports d’un champ, ne sont autre chose, dans l’hypothèse

« gestaltiste », que des lois d’équilibre régissant à la fois les courants nerveux déclenchés par le contact

psychique avec les objets extérieurs, et par les objets eux-mêmes, réunis en un circuit total embrassant

donc simultanément l’organisme et son milieu proche. » 23 La matérialité humaine pose la question de

l’âme lorsque celle-ci est identifiée à la pensée ou à une quelconque énergie.

La vie et la conscience de la vie : critères dynamiques ou le fonctionnement biologique humain.

La psychologie est la compréhension du fonctionnement intégré de l’humain sur le plan affectif, mental et

corporel. La psychologie permet de comprendre qu’il est impossible de dissocier le corps du mental, le

mental de l’affect, l’affect du corps. Le fonctionnement humain suppose que nous ayons une hypothèse du

fonctionnement nerveux du corps qui régit les affects et les cognitions. Piaget nous dit encore : « Les

rythmes caractérisent les fonctionnements qui sont au point de jonction de la vie organique et de la vie

mentale, et cela est si vrai que, même dans le domaine des perceptions élémentaires ou des sensations, la

mesure de la sensibilité met en évidence l’existence de rythmes primitifs, échappant entièrement à la

conscience du sujet ; le rythme est également à la base de tout mouvement, y compris de ceux dont est

composée l’habitude motrice. » 24 Dans l’esprit de Piaget, le fonctionnement ne peut pas se concevoir sans

matérialité organisée, ni sans la notion de temps. La conscience du temps qui passe est en rapport étroit

avec la conscience noyau et la conscience étendue.25 Le fonctionnement des différents niveaux

d’organisation (corporel, affectif, mental) permet une grande souplesse d’adaptation aux situations, à

l’environnement, mais donne aussi la capacité de transformer l’environnement.

Nous et nos besoins : critères de la production.

La production humaine instinctive (appelée ainsi car automatisée) répond essentiellement et avant tout aux

besoins du corps. Les premiers objectifs dans la cohérence de notre fonctionnement, dans l’environnement

dans lequel nous vivons, seront de satisfaire nos besoins réguliers fondamentaux, qui sont inhérents à notre

état de système biologique vivant, pour assurer la survie et la continuité de la vie à travers la reproduction.

Les productions qui vont au-delà de la production fondamentale de survie mentale, auront pour but, entre

autres selon mes observations, d’améliorer cette vie 26

Les productions sociales et culturelles sont plus particulièrement et massivement propres aux humains,

bien que d’autres systèmes vivants aient des productions sociales (les nids des oiseaux ; la chasse en meute

des loups, leur organsiation hiérarchisée ; la production de miel des abeilles, etc.).

Les productions naturelles (terriennes planétaires et universelles) sont des processus phénoménologiques

qui obéissent à des lois physiques qui se produisent de manière aléatoire au fur et à mesure que les

conditions nécessaires à leur avènement sont réunies.

21 Jacques Monod, Le hasard et la nécessité

22 Jean Piaget, La psychologie de l’intelligence

23 Jean Piaget, La psychologie de l’intelligence, p.64-65

24 Jean Piaget, La psychologie de l’intelligence, p. 180

25 Damasio Antonio R., le sentiment même de soi

26 Maslow A.H, Vers une psychologie de l'être

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III. AXE 3 PLAN DE LA PROFONDEUR

Le temps et l’évolution.

Nous avons pris l’habitude de dissocier, avec la conceptualisation et l’apprentissage du langage, le temps

qui passe en 3 parties distinctes :

- le passé, donc l’Histoire.

- le présent, soit le « ici et maintenant ».

- le futur, donc les projections.

Sur l’axe du temps, il nous faut inclure l’analyse des démarches, des stratégies, des tactiques, des

processus, ainsi que l’analyse des rythmes et des mouvements, de la souplesse et de la flexibilité ; mais

aussi le développement des transformations, des adaptations, des accommodations ; ce qui donnera une

idée de l’évolution. C’est à partir de ces éléments (sélectivement retenus) que l’Histoire se construit.

PASSE

système solaire

Rythmes

système terrien Mouvement souplesse

et flexibilité

systèmes sociaux, PROCESSUS, cycles

Construction

système « vivant histoire

humain » tactiques et stratégies

système cellulaire

PRESENT

matérialité fonction- production finalité

FUTUR structure nement

organisation

III.1. La cohérence temporelle

C’est à partir de ces éléments que je peux me faire une idée dans le temps de la cohérence, de

l’incohérence ou de la gestion de l’incohérence. La cohérence temporelle me permet d’appréhender

l’évolution au niveau planétaire, naturel, social, mais aussi au niveau de l’humain et des autres systèmes

vivants. Elle permet d’analyser et de comprendre l’histoire, la vie, de comprendre qu’il y a un

commencement et une fin à toutes choses, du moins aux êtres vivants. Elle nous met devant une évidence

que nous avons beaucoup de peine à accepter, la mort, et l’impuissance de l’humain devant cette mort. La

mort est, pour beaucoup de personnes, inimaginable puisque nous nous dissolvons dans la nature. La mort

pose la question de ce qu’il y a après la mort ? La personne en quête d'absolu et d'idéal aura tendance à

détacher l'âme du corps et de postuler la transcendance de l’esprit, pour retrouver sa maîtrise des choses. À

ce propos, G. Bateson postule, que « l'esprit est immanent et non transcendant. Il ne peut exister en dehors

d'une structure physique à l'intérieur de laquelle il se produit » 27. Ce qui suppose que l’humain doive

27 Robert Pauzé "Grégory Bateson, itinéraire d'un chercheur"

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accepter de faire partie d'un écosystème où la vie succède à la vie, mais où la vie n'est pas transcendante,

donc un écosystème dont l’humain ne maîtrisera jamais la totalité dans la mesure où il accepte de ne pas

être permanent.28

III.2. Autres critères et axiomes de qualités et de cohérences pour une épistémologie du

modèle.

Critère du temps,

Axiome : « Le critère du temps est propre aux systèmes vivants qui en ont conscience. »

« Rythme, régulation et groupement constituent les trois phases du mécanisme évolutif qui rattache

l’intelligence au pouvoir morphogénétique de la vie elle-même, et lui permet de réaliser les adaptations, à

la fois illimitées et équilibrées entre elles, impossibles à réaliser sur le plan organique »29. Piaget avait

conscience de l’évolution des humains.

Système vivant et temps, la vie est un déséquilibre en équilibre

L’évolution des systèmes biologiques inclut toujours la dimension du temps.

Axiome :Un système vivant n’est, de ce fait, jamais en équilibre, mais toujours dans un constant

déséquilibre, qu’il s’évertue par ailleurs à toujours rattraper, la plupart du temps sans faire d’effort.

L’image de la marche me semble la plus pertinente pour décrire le mouvement de la vie. Lorsque l’humain

marche son centre de gravité est en constant mouvement.

L’humain s’évertue constamment à maintenir son état, son déséquilibre, dans une marge propice à la

continuation de la vie. Il vit en cycles, dont le rythme est donné par la rotation de la terre (nuit/jour) et son

évolution ne peut se passer de l’attraction de celle-ci. La vie de l’humain se définit par le mouvement, il

n’a pas le choix, il va de l’avant. Il passe d’un équilibre aléatoire à un autre. Son équilibre est à chaque

minute remis en cause, il recherche constamment un équilibre plus propice qu’auparavant, parfois avec

succès parfois en vain. Ce mouvement de vie doit se maintenir dans des limites propices à la survie, limites

dans lesquelles la vie peut se régénérer, peut s’épanouir. Le mouvement du corps est une production qui

permet d’autres productions. La vie de l’humain est fluctuante.

La notion d’homéostasie reflète bien cet état de recherche d’un équilibre des systèmes vivants.

L’homéostasie n’est pas un équilibre, c’est une recherche de cohérence psychique dans le but de

« maintenir constants les paramètres biologiques face aux modifications du milieu extérieur »30.

La notion de fonctionnement a également besoin du temps pour se réaliser.

La notion de temps

Axiome : Il n’y a que la notion du présent qui ait une réalité, c’est un moment donné de notre vie, il est

furtif, car il ne dure pas, quand bien même nous avons la permanence de ce que nous vivons. Le futur,

c’est la prévision de ce qui va se passer, mais qui n’est pas encore réalité. Le passé est, ce que nous avons

retenu de ce que nous avons vécu et n’appartient plus à la réalité. Le passé est en partie inscrit

neurologiquement dans la matérialité du présent (vestiges somatiques).

28 Jean-François Revel, Matthieu Ricard, " le moine et le philosophe",

Gordon Wheeler de l'Institut de Gestalt de Cleveland, séminaire

Rolf Stauffer,Autopsie, la confrontation avec la mort, l'incertain, le vide chez les préparateurs en pathologie

Elisabeth Kübler-Ross "les derniers instants de la vie"

29 Jean Piaget, La psychologie de l’intelligence, p. 186

30 Homéostase: selon le dictionnaire physiologique: Tendance des organismes vivants à maintenir constants leurs paramètres

biologiques face aux modifications du milieu extérieur

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Les notions de passé et de futur, en ce qui concerne les systèmes vivants, sont essentiellement dues à nos

capacités mentales :

1) La capacité de nous souvenir tout en gardant à l’esprit que le souvenir est une trace mnésique inscrite

dans notre cerveau ici et maintenant (soit dans le présent). Les passés proches et lointains ont laissé

des traces, certaines transmises par nos ascendants, l’inné ; d’autres construites au cours de notre

enfance et d’autres encore acquises par ailleurs. Le psychologue peut aider à la décodification de ces

traces.

2) La capacité de projeter une réalité plausible de ce qui devrait arriver, mais qui n’est pas encore

arrivé. Cette projection est également une trace mnésique existant dans notre cerveau, donc dans la

réalité. (Les hypothèses, les prévisions, les paris, les pronostics sont des projections qui doivent être

vérifiées dans un présent futur pour s’avérer être concordantes avec la réalité)

Le passé immédiat est le plus vivace bien que petit à petit il s’estompe, se transforme, et devienne en

grande partie inconscient. Le futur immédiat est le plus prévisible, car les éléments concrets pour le

prévoir sont en principe les plus stables (à moins que les éléments essentiels soient imprévisibles).

Le passé éloigné est le plus instable, car susceptible d’avoir été modifié par les expériences vécues entre le

moment de l’enregistrement du souvenir et le présent. Le futur éloigné est le plus imprévisible, car

l’imprévisibilité des éléments essentiels qu’il faudrait maîtriser, augmente.

Les marques (traces) laissées par le passé et le futur dans notre cerveau :

- sont subjectives car, d’une part, elles ont été médiatisées par nos codifications neurologiques et,

d’autre part, elles ont été inscrites sans que nous n’en maîtrisions vraiment ni la codification ni

l’inscription.

- ont toujours une partie affective (car à chacune de ces marques correspondent des sensations, voir

des émotions) et une partie cognitive, sans toutefois qu’il y ait forcément une cohérence entre

l’inscription émotive et l’inscription cognitive.

- auront été transformées au cours du temps passé et ne correspondront plus à l’inscription première.

Le continuum 31

Le continuum intègre mieux la notion de temps et donne du mouvement aux éléments que nous avons

tendance à fixer (tel un film plutôt qu’une photo). Le concept intègre le mouvement, les rythmes, les

processus, les démarches, etc. comme le préconise Piaget.

Bien que par commodité nous ayons tendance à arrêter le temps, à fixer le temps, à isoler les éléments

dans le temps, à limiter dans le temps les variables nécessaires à nos analyses, nous ne devrions jamais

oublier de replacer ces variables dans le mouvement du temps et dans leur environnement.

Pour bien comprendre, différencier et analyser l’humain, il m’a semblé pratique et utile de distinguer

certaines activités qui font partie du fonctionnement continu humain, donc de définir les continuums

suivants :

Le continuum du comportement. Il est impossible de ne pas se comporter. Du début de la vie à la fin de

la vie nous nous comportons. Notre comportement peut être conscient, inconscient, semi-conscient,

actif ou passif. C’est une activité corporelle que nous maîtrisons parfois, mais que souvent nous ne

contrôlons pas. Le comportement prend à chaque instant une signification dans la relation à son

environnement (dont les autres font partie). Il est partie intégrante du langage analogique et constitue de

ce fait un message.32

31 Godefroi J., P. Mardaga, Les chemins de la psychologie

32 Watzlawick, Helmick, Beawin, Don D. Jackson, Une logique de la communication .

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Le continuum des sensations corporelles : Toute notre vie, du premier jour au dernier, nous percevons

des sensations, pour autant que notre système nerveux fonctionne. La spécificité de ce continuum est

qu’il passe, en alternance, par des états soit inconscients, soit semi-conscients, soit conscients et qui

sont de fréquences et de durées différentes. Ce continuum nous permet, si nous apprenons à nous en

servir, d’avoir en tout temps la possibilité d’être conscients de l’état affectif dans lequel nous vivons

(état interne et état du corps « limite», en fonction des capteurs sensitifs neuronaux).

Le continuum des images mentales : L’activité mentale varie en intensité, mais ne s’arrête jamais.

L’image est une des productions de nos neurones. La spécificité, pour nous humains, est identique à

celle du continuum des sensations, selon que cette activité est consciente, semi-consciente ou

inconsciente.

Les continuum des comportements, des sensations et des images mentales nous permettent d’avoir « le

sentiment même de soi » 33.

Les concepts utilisés pour décrire des évolutions dans le temps.

Les termes sont nombreux pour décrire l’évolution de la réalité. Entre les évolutions mathématiques telles

des algorithmes et les changements aléatoires, nous pouvons trouver un nombre élevé de termes reflétant

l’évolution dans le temps. Les termes reflètent souvent des types particuliers d’évolution. Les uns sont plus

près d’une représentation symbolique et subjective de la réalité (spirale négative), les autres d’une

description minutieuse, rigoureuse et plus scientifique d’une partie de la réalité (ex. courbe de rétroaction

positive). Néanmoins, les deux types de termes me paraissent utiles et pertinents pour décrire l’évolution

dans le temps, car plus les réalités sont complexes et plus il est difficile de décrire des évolutions précises

et scientifiques. Il va de soi que ces termes peuvent et doivent être utilisés selon leur spécificité pour

analyser une situation dans le temps. À tous les niveaux systémiques, nous les retrouverons. Ils peuvent

aussi être utilisés pour décrire des états, mais semblent toujours indissociables du temps écoulé. Par

exemple, le rythme du squelette induit chez Piaget une dimension du temps, soit la vie et donc le

mouvement.

J’ai relevé quelques termes qui incluent, selon ma perception, le temps qui s’écoule :

Un des plus utilisés est le processus.

Puis les courbes de rétroactions positives, les cercles vicieux ou vertueux, les spirales négatives ou

positives, les dérives, les montées symétriques.

Les ruptures, les révolutions, les mutations, etc., soit les changements brusques, soudains et parfois

violents.

Les courbes de rétroactions négatives, les cycles, les fluctuations, les biorythmes, etc.

Les mouvements, les rythmes, la ou les mesures, les vagues, les courbes, les ondulations, les flux.

Les phénomènes répétitifs, aléatoires, etc..

Les démarches, les constructions, la méthodologie, etc.

L’usure, la régénération, la souplesse, la flexibilité, etc.

Les tactiques et les stratégies, dont la spécificité est qu’ils sont des projections dans le futur, etc.

Le développement, les transformations, les adaptations, les accommodations, les mutations et les

transformations.

L’évolution, l’Histoire.

33 Damasio.

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2.3. NORMALITÉ/ANORMALITÉ

(pathologie) ou analyse intégrative

Pour maintenir l’harmonie d’un équilibre en mouvement, il faut rassembler un certain nombre de facteurs

indispensables: se mouvoir, se nourrir, dormir, rêver, sentir, produire des émotions, maintenir la

température du corps, respirer de l'oxygène, etc.

2.3.1. Normalité

La normalité dépend des critères utilisés dans le cadre d'une culture donnée, c’est à dire d'une société et

d'une époque donnée.

Ce qui hier était normal peut être anormal aujourd'hui, et vice-versa ;

Ce qui est anormal ici peut être acceptable ailleurs (dans une autre civilisation).

Les critères qui permettent de déterminer le normal et l'anormal sont souvent multiples, subjectifs et ne

sont valables que pour une situation donnée. Les frontières restent floues entre le normal et l'anormal.

Est considéré comme anormal, ce qui n'est pas fréquent statistiquement ; selon les contextes, les données

statistiques peuvent changer totalement.

2.3.2. Anormalité

L'anormalité est ce qui se situe hors des normes généralement admises par la majorité de la population,

mais qui ne sont pas forcément déterminées par celle-ci. Ce qui va à l'encontre des valeurs, attitudes,

habitudes, mythes, etc. admis par la société.

L'anormalité en psychologie recouvre notamment les maladies dites psychiques. Elles sont répertoriées

dans deux livres (CIM 10 et DSMIV).

Cependant, l’anormalité ou la maladie psychique sont des notions aléatoires, car plus elles se rapprochent

de la notion de normalité plus elles sont difficilement déterminables. La limite entre normalité et

anormalité est subjective et non définissable, c’est une zone floue. Il est tout aussi correct de dire, que plus

une maladie ou une anormalité est proche de la normalité, plus elle a de chance d’évoluer vers une

« normalité » donc une « guérison ». Il serait donc bien plus efficace de ne s’occuper que des maladies

psychiques légères, voire très légères, car le taux de rechute sera presque nul et le taux d’efficacité n’en

sera que plus grand.

2.3.3. Analyse intégrative

Cette manière de réfléchir est naturellement peu productive. Il nous faut donc trouver une méthode

intégrative qui puisse amener une amélioration pour toutes les formes d’anormalité ou toutes les maladies

psychiques sans se laisser enfermer par des concepts ou par une normalisation statistique ou de tests figés.

Sortir de ces concepts trop rigides peut en partie se résoudre en évaluant dans un premier temps chaque

situation, chaque humain pour lui-même en fonction de sa cohérence interne, puis de sa cohérence externe

soit de ses capacités d’intégration dans la société qui est la sienne. L’efficacité peut alors se mesurer en

fonction du changement effectué par la personne (son point de départ, son point d’arrivée), en fonction de

son évolution et non plus en fonction d’une normalité, d’une maladie. Le but n’étant plus d’éradiquer une

maladie, mais de faire évoluer une personne aux maxima de ses possibilités, quand bien même elle

resterait dans un état « pathologique », donc malade.

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Conclusion

3.GRILLE, MODELE ET REALITE.

La grille incluant le modèle proposé, permet-elle l’augmentation de la cohérence individuelle ?

3. 1. Nous, dans un environnement en mouvement. Critère du temps et du mouvement

La difficulté de l’opération, est de vouloir analyser une réalité qui est dans un constant mouvement

aléatoire. Non seulement l’environnement est constamment en mouvement, mais celui qui l’analyse

également. Idéalement, nous devrions donc analyser en tenant compte de tous ces mouvements donc avoir

des critères d’analyses en mouvement, ce qui me semble impossible. Par contre, la grille rend possible une

analyse dans laquelle le mouvement est possible.

3.2. Utilité d’une grille

La grille élaborée permet de s’adapter au mouvement et de l’analyser Elle est adaptable et mobile à la fois,

car les critères qui la composent sont souples et permettent de tenir compte des mouvements. Elle permet

d’intégrer les mesures (dans le temps). Elle peut être déplacée dans le champ de la réalité à l’endroit où on

le désire. Afin de pouvoir déplacer la grille aisément, il est nécessaire de considérer l’ensemble des choses

(facteurs) que l’on analyse comme des systèmes. Si l’humain en est le centre et le point de départ, elle

permet aussi d’analyser les autres systèmes (biologiques, sociaux, naturels) faisant partie de son

environnement.

Si nous reprenons la représentation symbolique du nuage de points, nous pouvons l’utiliser pour chaque

point, pour chaque groupe de points ou pour le nuage dans son entier. Il est naturellement nécessaire de

définir si tous les points font partie du même niveau systémique, s’ils font partie de sous-systèmes (la

définition des sous-systèmes peut être un consensus). Si cela n’est pas le cas, nous devons définir leur juste

niveau et les y placer. La grille permet d’examiner rapidement, sans rien omettre, s’il y a cohérence

verticale, horizontale et temporelle. Elle permet de définir une cohérence générale du système analysé, soit

de voir s’il se trouve dans un équilibre satisfaisant pour lui.

3.3. Qualité et efficacité

L’analyse ainsi effectuée à partir de la grille permet de définir si une personne, un patient, est en cohérence

(relative) avec lui-même et son environnement, s’il est conscient de ses incohérences et s’il les gère. Les

souffrances physiques et psychiques sont des incohérences du système vivant humain. L’analyse permet de

détecter et de nommer rapidement des conflits internes ou relationnels et d’imaginer ce qu’il y a à faire

pour trouver une solution augmentant la cohérence du système. De voir par exemple en thérapie, comment

peut s’emboîter un problème personnel dans une dynamique familiale ou dans une dynamique

professionnelle.

L’évaluation des incohérences permet de définir si une personne a besoin ou non d’une thérapie. Une

diminution des incohérences permet de diminuer les souffrances, donc de produire une thérapie efficace et

de bonne qualité. Pour ce faire, il est nécessaire de considérer et de travailler sur les trois axes de

cohérences proposés ainsi que sur au moins trois niveaux systémiques.

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3.4. Accord sur l’unicité de concept

L’avantage de se mettre d’accord sur des critères, serait de pouvoir comparer les analyses de situations, de

méthodes, de détecter rapidement et facilement les différences qui les caractérisent, de faire des

différences et des liens. Une telle grille ne suppose aucunement l’abandon de ses convictions ou de sa

méthode thérapeutique. Elle permet de mettre en évidence les différences, éventuellement les insuffisances

d’une méthode, puis de la réorienter. Elle permet de faire des liens verticaux, horizontaux et dans le temps.

Je pense qu’une méthode est efficace si elle remplit les conditions de cohérence définies ci-dessus,

autrement dit, chaque méthode qui remplit ces conditions serait efficace, et de bonne qualité.

Rolf Stauffer

Genève, début juin 2004

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BIBLIOGRAPHIE

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DSM IV, Masson, Paris, 1996 traduct., 1995

Entre le cristal et la fumée, Atlan H., Edit. Seuil, 1979

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La décision, Berthoz Alain, Odile Jacob, Paris, 2003

L'homme neuronal, Changeux Jean-Pierre, Hachette/Pluriel, Paris, 2002

L'Alchimiste, Coelho Paulo, Edit. j'ai lu, Paris, 1994 traduction, 1988

L'acteur et le système, Crozier M., Friedberg E., Seuil, coll. points 1977

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Discours de la Méthode, Descartes, Garnier-Flammarion, Paris, 1966

Ehlert Dr, expertise pour la FSP

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p.165 La holarchie de la Nature vivante : Koestler Arthur

Dieu ? , Jaquard Albert, Stock/Bayard, France, 2003

Le cerveau intime, Jeannerod Marc, Odile Jacob, Paris, oct. 2002

Wissenschaftlichkeit in de Psychotherapie , Kriz Jürgen Prof. Dr. , Druckerei Peter & Co. , Zürich , mai

2003, Gutachten expertise

Les derniers instants de la vie, Kübler-Ross Élisabeth, Edition Labor et Fides, Genève, 1975

La colombe assassinée, Labori H., Ed. Grasset, Paris, 1983

Le soda conquis par Dieu, Longchamp A., Journal de Genève, Genève, 29.12.1990

L'analyse institutionnelle, Lourau René, Edit. de Minuit, Paris, 1970

En ce qui concerne les trois cerveaux : , Mac Lean Paul : , the Neurosciences The Second Study

Programm,ed. F.O. Schmitt, N.Y, 1970 in Atlas de notre cerveau, Hampden-Turner C.

Vers une psychologie de l'être , Maslow A.H. , Edit. Fayard , 1972 traduit de l'américain, 1968

Le hasard et la nécessité, Monod Jacques, Edit. Seuil, Points, Paris, 1970

La méthode 1. La nature de la nature, Morin E., Seuil, collect.Point, Paris, 1977

La méthode 2. La vie de la vie, Morin E. , Seuil, collect.Point, Paris, 1980

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Béjin A. p.215

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La psychologie de l'intelligence, Piaget J., Edit.A. Colin, Paris, 1967

La nouvelle Alliance, Prigogine I. & Stengers J., Edit. Gallimard, Poitiers, 1979

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Le moine et le philosophe, Revel Jean-François, Matthieu Ricard, Edit. Nil, Paris, 1997

L’aventure du vivant, Rosnay de J., Edition Seuil, Paris, 1988

Le microscope, vers une vision globale, Rosnay de J. , Seuil, Point, Paris, 1975

Physiologie, Schmidt Robert F., De Boeck Uni, Paris, Bruxelles, 1999 traduct., 1995

Autopsie, la confrontation avec la mort, l'incertain, le vide chez les préparateurs en pathologie, Stauffer

Rolf, 24 sept. 1999, 6è Congrès de l'EAPC N0 1433.

Une logique de la communication, Watzlawick, Helmick, Beawin, Don D. Jackson, Seuil, coll. Point,

Paris, 1972 traduit de l'américain, (1967)

La réalité de la réalité (Confusion, désinformation communication), Watzlawick P., Seuil, Point, Paris,

1978 traduit de l'américain, 1976

Le langage du changement, Watzlawick P., Seuil , Paris, 1980 traduit de l'américain, (1978)

The voice of shame, Wheeler Gordon et Robert Lee, éd. GIC Publication Jossey-Bass Publishers, San

Francisco, 1998

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Table des matières

“Normes pour une méthodologie qualitative rationnelle et adaptative (MQRA)”

Critères de qualités et de cohérences.

Évaluation qualitative, évaluation quantitative des psychothérapies et du coaching

1. Approche systémique et approche analytique : différence fondamentale

1.A. Approche nommée analytique

1.B. Approche nommée systémique

1.1. Les principes méthodologiques concernant les deux méthodes analysées

1.1.A. Expérimentale/clinique.

1.1.B. Empirique (modélisation et simulation)

1.2. Données dans les sciences humaines

1.3. Les deux principes méthodologiques appliqués aux sciences humaines, plus particulièrement à la

psychologie et la médecine.

1.3.A. Analytique

1.3.B. Systémique

Bibliographie:

2. Élaboration d’un modèle sous forme de grille d’analyse

2.0.0.1. Introduction

2.1. La grille, ou, « À la recherche de la cohérence perdue »

2.1.1. Premiers critères de qualités et de cohérences pour une épistémologie du modèle

La réalité est la réalité

L’humain est le centre.

Subjectivité

2.2. Division du champ de la réalité en trois axes (I,II,III)

I. Axe 1 plan vertical Les emboîtements systémiques

II. Axe 2 plan horizontal Les critères de cohérences et d’équilibre.

1) Structure, organisation et matérialité.

2) Fonctionnement dynamique

3) Production, consommation et besoins.

4) Finalités

II.1. Équilibre, homéostasie et cohérence

II.2. Autres critères et axiomes de qualités et de cohérence pour une épistémologie du modèle.

III. Axe 3 plan de la profondeur Le temps et l’évolution.

III.1. La cohérence temporelle

III.2. Autres critères et axiomes de qualités et de cohérences pour une épistémologie du modèle.

2.3. Normalité/anormalité (pathologie) ou analyse intégrative

2.3.1. Normalité

2.3.2. Anormalité

2.3.3. Analyse intégrative

Conclusion

3. Grille, modèle et réalité.

3.1. Nous, dans un environnement en mouvement. Critère du temps et du mouvement

3.2. Utilité d’une grille

3.3. Qualité et efficacité

3.4. Accord sur l’unicité de concept

Bibliographie

10 mai 2006

le harcèlement moral

ur Appréhender le harcèlement moral par une approche systémique et constructive La physique a été la première discipline scientifique à reconnaître qu’il n’y a pas d’observations, ni de données extérieures indépendantes des observateurs qui les font. Nous ne pouvons agir que sur notre représentation de la réalité, et non sur la réalité réelle même si nous avons l’intime conviction de pouvoir la percevoir. Si le besoin de classification correspond à une demande considérable, il découle aussi de nos modes de pensée analytiques. Paul Watzlawick, dans son ouvrage «L’invention de la réalité» raconte à cet égard l’expérience suivante très instructive : des psychologues ont simulé la schizophrénie pour être hospitalisés. Une fois admis à l’hôpital, ces faux patients ont immédiatement repris des comportements normaux, mais leurs comportements demeuraient toujours interprétés comme des signes de leur maladie. Et lorsqu’ils ont pu enfin sortir de l’hôpital, tous reçurent comme diagnostic «schizophrénie en rémission». Dans le domaine des interactions et donc des comportements, les diagnostics comme les jugements sur autrui se révèlent non seulement inutiles mais encore peu fiables. Et pourtant nous continuons la plupart du temps à les pratiquer. Lorsqu’une personne parle d’une autre personne, en fait, elle parle de sa relation à l’autre, de la représentation qu’elle a construite à partir des expériences vécues avec celui-ci ou encore empruntées. Ainsi il est impossible de parler objectivement de l’autre. Le phénomène de l’influence entre les êtres humains s’exerce au niveau des représentations. Tout salarié au sein d’une entreprise peut être victime d’une étiquette qui lui collera d’autant mieux à la peau qu’elle influencera aussi les comportements de ses collaborateurs à son égard. Ainsi, une fois établi le diagnostic selon lequel il y aurait «harcèlement moral», on risque fort de considérer un comportement même normal de la personne étiquetée «harceleur» comme étant d’une certaine manière pervers. La victime finit par interpréter tout comportement de ce dernier comme étant celui d’un harceleur et interagit donc en fonction de cette hypothèse. Sa peur, son hostilité, sa suspicion et sa crainte qui découlent de cette représentation se traduiront dans ses comportements et micro-indicateurs non verbaux qui influenceront en retour les comportements du présumé «harceleur». Sa façon de le regarder ou de ne pas le regarder témoigne de la façon dont elle le considère et provoque en retour les comportements de celui-ci. Ce diagnostic concourt surtout à l’impuissance de la personne qui se vit comme la «victime» et contribue à limiter considérablement ses potentialités comportementales de réponses. Sur le plan interactionnel, le diagnostic «harcèlement moral» entrave la résolution du problème car il donne une représentation piégeante de la situation, non seulement pour celui qui pose le jugement mais, plus grave encore, pour celui qui la subit et aura à le gérer. Les étiquettes contribuent à entretenir les pathologies de la communication et empêchent d’y remédier. Offrant le flanc aux accusations de machiavélisme et de manipulation sordide, elles laissent réellement la victime démunie et impuissante, sans apporter aucune solution opérationnelle. Il ne reste alors pour la victime que de recourir à l’arsenal juridique pour se défendre, mais encore les preuves objectives du harcèlement moral sont extrêmement difficiles à montrer. Il ne s’agit ni de complaisance à l’égard du harceleur, ni de faire porter à la victime la responsabilité de ce qui ne va pas Pour aborder et résoudre les problèmes de communication, il est largement préférable de prendre le point de vue de l’anthropologue qui doit examiner toute culture avec un minimum de notions préconçues. L’anthropologue essaie de voir ce que les porteurs d’une culture sont en train de faire sans avoir d’idées a priori prétendant expliquer pourquoi ils sont en train de faire ce qu’ils font. L’approche systémique diffère radicalement de l’approche psychologique classique qui fonctionne sur un modèle théorique du comportement et de l’esprit humain. Elle permet de comprendre que le comportement d’une personne ne peut être appréhendé qu’en fonction du comportement de son vis-à-vis. Elle invite à changer d’épistémologie et à passer à une approche cybernétique des relations humaines - alors que l’approche psychologique classique ou orthodoxe demeure une approche monadique qui consiste à réfléchir sur une causalité linéaire du type «ce harceleur se comporte ainsi parce qu’il a à l’origine des problèmes non résolus. L’explication de ces problèmes présents se trouve dans son passé.». Ce raisonnement analytique ne fournit strictement aucune solution à la victime, au contraire l’enfonce. Pour changer une situation, il ne suffit pas de l’expliquer au moyen d’une analyse du passé. Les explications sont des suppositions théoriques qui donnent rarement de solutions pertinentes pour résoudre les problèmes complexes ; bien au contraire, elles ne font que les justifier. La résolution des problèmes complexes implique avant tout un nouveau regard, c’est-à-dire un peu de créativité. Ce qui est important dans la résolution des problèmes interactionnels, c’est de réfléchir à ce qui est désirable et à ce qui est possible. Dans le cas du harcèlement, il est pertinent de faire l’hypothèse que la difficulté affrontée par la victime provient d’une hypothèse erronée qui fait le lit du pouvoir du persécuteur. Le choix des hypothèses de la victime peut ouvrir ou limiter le champ de ses possibles La personne, qui se plaint d’être harcelée, a besoin en priorité de sortir de la vision qu’elle a d’elle-même et de son harceleur car cette vision limite le choix de ses possibles et la conduit dans une impasse. La question est alors de savoir quel pouvoir elle donne au harceleur, consciemment ou inconsciemment. Voilà l’un des aspects central pour pouvoir l’aider dans l’exercice de son influence. Un changement radical d’optique Cette approche est théoriquement et méthodologiquement différente de celles basées sur les théories des processus intra-psychiques. L’objectif est de comprendre comment cette situation insoutenable persiste et de réfléchir ensuite à ce qu’il faut provoquer pour la changer. Il faut donc : - D’abord définir le problème et le replacer dans la description des contextes interactionnels. - Se focaliser sur la dernière interaction plutôt que sur les anciennes. - Identifier les difficultés vécues et écouter rigoureusement les solutions tentées - Montrer en quoi les expériences douloureuses passées, qui ont bâti sa vision de son persécuteur, ont limité le champ de ses possibilités, ont rétréci la vision de son pouvoir d’influence et fait surestimer le pouvoir qu’elle attribue à son persécuteur. - Négocier un objectif de changement concret, spécifique, réaliste, accessible et écologique. - Utiliser le langage et la logique du plaignant afin qu’il soit conforme à sa logique et qu’il ait des résonances. Ce qui importe est de donner d’autres éclairages aux expériences passées de la victime afin de lui ouvrir de nouvelles possibilités interactionnelles et comportementales. Le plus souvent celle-ci grossit tellement l’emprise de son persécuteur qu’elle se paralyse face à lui, ce qui renforce encore le pouvoir de ce dernier à la faire douter d’elle-même ; consciemment ou inconsciemment il lui permet de vérifier les suppositions qu’elle fait à son égard. Les suppositions remplissent en effet la fonction de prophéties qui s’auto-réalisent. Replacer le problème dans son contexte interactionnel Pour comprendre un problème complexe, notamment celui du harcèlement moral, il faut l’appréhender dans son contexte interactionnel. En effet, notre conception monadique sur laquelle s’appuie la longue tradition de la pensée classique occidentale repose sur un schéma linaire de causalité. Mais le concept de causalité linéaire s’avère particulièrement impropre pour résoudre les problèmes interhumains. En effet, celle-ci conduit inéluctablement à l’imposition d’étiquettes de boucs-émissaires et de persécuteur qui confère précisément un pouvoir qui est particulièrement redouté . Ainsi considérons-nous la cause et l’effet comme s’ils se produisaient selon des séries linéaires. Ce modèle de pensée méconnaît un concept essentiel, celui de rétroaction ; il aboutit à réfléchir et à agir dans un cadre non opérationnel qui constitue le piège dans lequel il s’agit de sortir. L’erreur est d’attribuer une causalité linéaire de type mécaniste à un phénomène interactionnel, par définition complexe. De même qu’on ne peut comprendre la relation entre l’émetteur et le signe qu’il utilise sans tenir compte du destinataire et de sa réaction, de même ne peut-on étudier la relation entre le destinataire et les signes qu’il utilise en faisant abstraction de l’émetteur. Chaque signe, en tant que réaction chez l’émetteur, induit la production d’un autre signe qui en induit à son tour un autre et ainsi de suite. Les relations humaines ne peuvent être considérées comme des données pourvues d’une existence indépendante, objective en quelque sorte. Nous n’avons, en effet, jamais affaire à des réalités intrinsèques mais uniquement à des images ou représentations de la réalité qui s’imposent à nous comme l’évidente représentation de la réalité, comme une réalité réelle. Voilà l’une des raisons majeures pour laquelle les gens s’acharnent, face à une situation problématique, «à faire toujours plus de la même chose» ou strictement l’inverse, ils sont simplement les victimes d’un point de vue unique et fixe qui les privent de tout autre possibilité d’interaction. Le recadrage, l’outil majeur du changement Le recadrage demeure l’ultime moyen de sortir d’une situation vécue sans issue. Il revient à sortir du cadre dans lequel aucune solution ne semble possible, il consiste à travailler sur les restrictions mentales et comportementales dans lesquelles la victime se trouve coincée. Le recadrage a pour fonction de modifier le cadre inopérant dans lequel est emprisonnée la personne afin de lui permettre d’accéder à d’autres possibles. Toutefois, un recadrage ne relève pas de la simple technique ou recette ? A cet égard, il ne peut être prévu à l’avance, ni fabriqué de toutes pièces, mais il doit être construit à partir de la logique de la personne concernée par le problème, il implique une écoute parfaite de celle-ci ; c’est-à-dire qu’il doit être rigoureusement adapté à sa logique et à son système de valeurs pour être conforme à son écologie et être ainsi adopté par celle-ci. Recadrer, consiste avant tout à suggérer de nouvelles interprétations de façon à apporter un nouvel éclairage à des faits qui ont été rapportés et interprétés, pour leur donner une autre signification, afin de modifier radicalement le contexte interactionnel pour susciter des comportements différents, et surtout plus efficaces. L’univers des relations reste un univers de perceptions et de significations. Pour parvenir à changer un type de conduite, il s’agit non pas d’intervenir directement sur la conduite comportementale, comme cela se pratique généralement, mais de modifier d’abord le sens des comportements incriminés et redoutés ou encore de modifier la perception qu’a le plaignant du contexte. La performance d’un recadrage s’évalue sur le fait qu’il parvient à réorganiser le système interactionnel dans lequel la personne est piégée et dans lequel elle perd son espace d’autonomie, son identité, et reste assujettie. Il n’est donc pas question d’agir directement sur les interactions mais de les éclairer de façon nouvelle afin d’élargir le champ des possibles pour sortir du problème. Les solutions de la victime alimentent le problème Les problèmes interactionnels sont le plus souvent aggravés et perpétués par des solutions correctives, elles sont inadéquates pour produire un changement. Bien des problèmes de société à une échelle plus vaste relève du même phénomène. Ainsi, lorsque les processus interactionnels de régulation se sont avérés inefficaces et que le système interactionnel est devenu un cercle vicieux dans lequel la victime, la personne harcelée, se trouve enfermée, une personne extérieure doit arbitrer, à savoir susciter dans le système interactionnel entre le persécuteur et la victime un changement de type 2. Le recours à la position basse stratégique La victime pour sortir de sa position insoutenable doit redéfinir la relation en se plaçant elle-même, volontairement et stratégiquement, dans la position basse afin de désarmer son vis-à-vis. Le harceleur a en effet besoin de rabaisser sa victime pour disposer d’une bonne estime de lui-même. Mais il est très difficile de défier une personne qui se place de façon stratégique et consciente dans une position volontairement d’extrême faiblesse. Par exemple la victime pourrait par exemple tenir le discours suivant : “ Voilà la façon dont je vois les choses : vous voulez m’anéantir, me détruire mais je sais que je peux me tromper. En effet, comme vous êtes rationnel, vous savez que si c’était votre intention réelle, vous prendriez alors des risques que vous n’avez pas intérêt à prendre dans l’entreprise. Je sais que vous êtes lucide, et que vous avez conscience que les salariés disposent aujourd’hui de multiples possibilités pour se défendre. Et pourtant, je ne peux m’empêcher de penser que vous voulez ma perte et ma déchéance. En fait, vous seul pouvez me sécuriser et me faire sortir de ces craintes peut-être infondées. Si vous ne me rassurez pas par des preuves concrètes que je suis dans l’erreur, alors cela signifie que vous me donnez raison sur vos intentions perverses que j’imagine à mon égard. Dîtes-moi concrètement ce que vous attendez de moi, et même consignez cela par écrit. Voilà ce que j’ai besoin de savoir pour corriger mes propres comportements et rétablir des relations plus sereines et plus productives ”. Françoise KOURILSKY (France) Docteur en Psychologie, Spécialiste de l’approche de Palo Alto et du coaching en entreprise. Auteur du livre «Du désir au plaisir de changer» préfacé par Paul Watzlawick.

28 avril 2006

plus sur la double contrainte

QU’EST-CE QUE LA DOUBLE CONTRAINTE ? « Pour qu’il y ait double contrainte, il faut [1] : 1. Deux personnes ou plus, l’une étant désignée comme la “victime” ou le “bouc émissaire” ; 2. Une expérience répétée qui fait que la double contrainte revient avec régularité dans la vie de la “victime” ou du “bouc émissaire” ; 3. Une injonction négative primaire qui peut prendre deux formes : “Ne fais pas cela ou je te punirai”, “Si tu ne fais pas cela, je te punirai” ; 4. Une injonction secondaire, qui contredit la première à un niveau plus abstrait tout en étant comme elle renforcée par la punition ou par certains signaux menaçant la survie. Cette injonction secondaire est transmise par des moyens non verbaux : attitudes, gestes, ton de la voix, actions significatives, implications cachées dans les commentaires verbaux ; 5. Il faut une injonction négative tertiaire qui interdit à la victime ou au bouc émissaire d’échapper à la situation ; 6. Pour finir, il convient de noter qu’il n’est plus nécessaire que ces éléments se trouvent réunis au complet lorsque la victime ou le bouc émissaire a appris à percevoir son univers sous la forme de la double contrainte. À ce stade, n’importe quel élément de la double contrainte ou presque suffit à provoquer panique et rage. L’effet de la double contrainte : dans le bouddhisme zen, le but à atteindre est l’état d’illumination. Le maître zen tente d’y amener son disciple par plusieurs moyens. Il peut, par exemple, tenir un bâton au-dessus de la tête de son élève, en lui disant brutalement : “Si vous dites que ce bâton existe, je vous frappe avec. Si vous dites qu’il n’existe pas, je vous frappe avec. Si vous ne dites rien, je vous frappe avec. » Nous supposons que, devant une situation de double contrainte, tout individu verra s’effondrer sa capacité de distinguer les types logiques. Les caractéristiques d’une telle situation sont les suivantes : 1. L’individu est impliqué dans une relation intense, dans laquelle il est, pour lui, d’une importance vitale de déterminer avec précision le type de message qui lui est communiqué, afin d’y répondre d’une façon appropriée ; 2. Il est pris dans une situation où l’autre émet deux genres de messages dont l’un contredit l’autre ; 3. Il est incapable de commenter les messages qui lui sont transmis, afin de reconnaître de quel type est celui auquel il doit répondre ; autrement dit, il ne peut pas énoncer une proposition métacommunicative. » 4. Extrait de G. Bateson, D.D. Jackson, J. Haley, et J.H. Weakland, « Vers une théorie de la schizophr...
13 avril 2006

rien

Lorsqu'il n'y a plus rien à faire, que faites-vous

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